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Discipline olympique depuis les derniers Jeux de Tokyo, le skateboard est entré dans le temple de la compétition, mais garde l’esprit libertaire de ses origines. Une culture singulière, où la recherche constante de nouveaux spots, la convivialité et l’émulation collective sont la seule règle. …
Pas une minute sans qu’un ollie ne claque dans les centres-villes isérois. Riche d’une immense diversité de pratiques, de matériels et de figures, le skateboard s’est énormément démocratisé en quarante ans.
Mais les Jeux olympiques ne sont pas un sujet de discussion aux abords des bowls et des aires de street. Les performances en skate, c’est avant tout les siennes ou celles de ses amis, fruit de ténacité, d’émulation et d’humilité à tenter et retenter de nouveaux tricks (figures).
“Les contests, c’est surtout pour nous retrouver entre potes, pas pour la compétition”, résume Yoan Gros, coordinateur du skatepark de Grenoble, à la Bifurk, qui rassemble 700 adhérents autour du seul bowl de qualité de la ville. “On souffre du manque d’équipements en extérieur, avec l’augmentation importante du nombre de skateurs depuis cinq ans, de filles notamment.”
La communauté, on la rejoint en faisant son premier ollie, qui permet de sauter en faisant claquer l’arrière de sa planche et en l’accompagnant en hauteur avec le pied avant, à la base des figures de street – le skate de rue. Des manœuvres techniques, sollicitant fortement jambes, abdominaux et épaules.
Puis vient le moment de « dropper », c’est-à-dire basculer dans un bowl, à l’instar du surfeur entrant dans la vague, et d’apprendre, grâce à la force centrifuge et à de bonnes cuisses, à tourner dedans et à glisser sur le copping, le tube en métal qui orne ces courbes de bois ou de béton, voire de voler au-dessus.
Le skatepark de Crolles, alias The Bowl, se déploie sur 2 000 m² avec quarter, escalier, barre de slide, lanceurs, rampe et un espace d'initiation.
Un sport complet pour une multitude de pratiques
Même si des associations, comme le Skatepark de Grenoble, proposent des cours (dès 7 ans) durant les vacances, le skate s’apprend surtout avec les autres. Pour Eliott, skateur grenoblois de 17 ans, dont cinq à faire des flips (faire vriller sa planche en sautant), la bienveillance et la convivialité sont une des forces de ce sport : “J’ai découvert un univers super-sympa où tout le monde est attentif avec les débutants, y compris les pros !”
La peur de la chute peut rebuter au début les adultes novices, mais ils comprennent rapidement qu’elle n’est qu’affaire de technique et de bons réflexes, comme au judo. Si les skateurs – qui retombent généralement sur leurs pieds – se blessaient à chaque chute, ce sport n’existerait tout simplement pas !
Pour Yoan Gros, “le street ou la courbe, c’est juste une histoire de goût”. Eliott, par exemple, préfère skater dans la rue : “Il y a la satisfaction de s’approprier le spot qu’on a trouvé, alors que dans un skatepark, tout le monde y est déjà passé !”
Dans ce véritable « sport de création », les skateurs s’adaptent à l’environnement. “Leur bonheur, c’est de découvrir sans cesse de nouveaux spots. Ils font d’ailleurs souvent du ‘tourisme skate’, remarque Charles Charbit, de l’association Boarders Kids, à Crolles. Et quand un équipement vieillissant devient dangereux pour eux, comme notre bowl, pourtant connu dans toute la France, ils s’en vont voir ailleurs.”
Culturellement très mobiles, les skateurs peuvent migrer à Chamrousse, Fontaine, Montbonnot, Tignieu-Jameyzieu, Montalieu-Vercieu, Bourgoin-Jallieu, Lans-en-Vercors ou aux Deux-Alpes, où des skateparks singuliers leur offrent de nouvelles possibilités d’expression. Olé !
© C.Lacrampe