L’Hôtel du Département de l’Isère : vers la sobriété énergétique

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Jean-Pierre Barbier, président du Département de l’Isère
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L'interview de Jean-Pierre Barbier, le président du Département.

 

 

L’hôtel du Département de l’Isère, à Grenoble, où, dans son hémicycle, s’exprime la démocratie locale, a plus de 40 ans d’âge et un défaut majeur lié à sa conception dans les années 1970 : il est très énergivore. Deux ans de travaux vont le rendre plus moderne et d’une sobriété énergétique exemplaire. Une opération qu’avait à cœur Jean-Pierre Barbier, le président du Département, qui nous en explique les tenants et les aboutissants.

 

Isère Mag : Diriez-vous que l’hôtel du Département est un bâtiment fonctionnel et confortable ?

Jean-Pierre Barbier : En préambule, je me permettrais un petit retour en arrière pour bien poser la problématique. Car contrairement aux bâtiments abritant d’autres conseils départementaux de France, l’hôtel du Département de l’Isère a été conçu et bâti bien avant la première loi de décentralisation, c’est-à-dire sous la tutelle administrative du préfet.

À l’époque, les élus du Département siègent encore place de Verdun dans un hémicycle aménagé dans le salon rouge de la préfecture. Ils délibèrent sur le budget, la voirie ou encore l’aide aux communes mais, in fine, c’est le préfet qui tranche.

Lorsqu’en 1976 ce dernier a souhaité agrandir les locaux de la préfecture, déplacer le Conseil général et accueillir les bureaux de la Société d’aménagement du département de l’Isère (SADI), il lance l’idée d’investir un îlot urbain proche de son administration afin d’y créer un nouveau bâtiment.

Et tout s’enchaîne rapidement : études architecturales, cession par la ville de rues adjacentes, dépôt du permis de construire… pour un premier coup de pioche qui interviendra en janvier 1978 et une fin des travaux estimée au printemps 1981.

Mais avec la promulgation de la loi de décentralisation de 1982, tout change. Le pouvoir exécutif des Départements est alors confié à un président élu, qui peut désormais jouer pleinement son rôle de chef de son administration et d’instigateur de la politique départementale.

Tout naturellement, les conseillers départementaux prennent alors possession de ce bâtiment qui vient de sortir de terre, mais dont l’attribution initiale ne leur était pas totalement destinée. Une vingtaine d’agents les rejoignent.

Depuis, pour faire face à l’accroissement des effectifs liés aux compétences que l’État a transférées aux Départements, l’édifice a été agrandi par trois fois en 1987, 1989 et 1998, en gardant autant que faire se peut le même esprit architectural. Le projet de rénovation que nous lançons respectera d’ailleurs l’œuvre initiale. Mais pour répondre à la question posée, je me réfèrerai à l’avis des 370 agents qui y travaillent au quotidien : il y fait froid l’hiver et chaud l’été, sauf à monter chauffage et climatisation à fond…

 

I. M. : Quelle est la finalité de ces travaux ?

J.-P. B : Ce bâtiment a plus de 40 ans aujourd’hui. Il a été bâti selon les canons esthétiques en vigueur dans les années 1980, avec malheureusement une configuration qui génère de nombreuses déperditions thermiques et des dépenses de fonctionnement très importantes en chauffage, en électricité, en maintenance.

Nous avons donc décidé de passer à l’action comme nous le faisons depuis 2017 dans le cadre de notre Stratégie Air Climat Énergie, qui vise à réduire significativement nos émissions de gaz à effet de serre.

L’hôtel du Département fait partie des quelque 70 bâtiments départementaux que nous avons identifiés, en majorité des collèges, qui font ou ont fait l’objet d’importants travaux de réhabilitation thermique. Nous visons, à travers ce projet, outre une esthétique plus contemporaine, une sobriété énergétique de niveau BBC, une diminution de la consommation de chauffage de 45 % environ et des émissions de gaz à effet de serre divisées par quatre.

Évidemment, nous n’atteindrons jamais le niveau de performance de nos bâtiments neufs, comme nos maisons du Département ou nos collèges récents, tel celui de Champier, qui sont extrêmement sobres en énergie, et dont certains, comme les Archives départementales de l’Isère, à Saint-Martin-d’Hères, en produisent même grâce aux panneaux photovoltaïques posés sur sa toiture !

 

I. M. : Combien cette opération va-t-elle coûter ?

J.-P. B : Nous avons confié l’audit énergétique du bâtiment au cabinet d’architectes meylanais Ludmer-Bouvier, ainsi que les études de conception du projet.

Leur parti pris a été d’isoler complètement le bâti par l’extérieur, façades et toitures, en les végétalisant lorsque cela est possible, de traiter les ponts thermiques, de remplacer l’ensemble des menuiseries et d’installer des brise-soleil orientables ou fixes selon les étages. Tout cela en cohérence avec l’environnement urbain.

L’ensemble des préconisations nécessite une enveloppe de travaux de 12 millions d’euros, dont près de 10 % pour les seules dépenses d’ingénierie. Nous financerons ce projet sur nos propres deniers et grâce à l’État qui participe au montant de l’opération à hauteur de 2,5 millions d’euros dans le cadre du plan France Relance.

Je tiens à préciser que l’activité de l’hôtel du Département sera maintenue durant toute la durée des travaux et j’invite les riverains à faire preuve d’une grande bienveillance à notre égard pendant cette période de chantier.

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L'hôtel du Département de l'Isère

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