Les secrets du lac de Paladru

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Paladru - Colletière
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En 1921, Hippolyte Müller, archéologue fondateur du Musée dauphinois, identifiait le village néolithique des Baigneurs et le site médiéval de Colletière sous les eaux du lac de Paladru. Cent ans plus tard, après des décennies de fouilles, on en sait un peu plus sur leurs habitants.

Longtemps, le lac de Paladru et ses vestiges ont nourri l’imaginaire des habitants. Jusqu’en 1864, avant l’identification d’un site présumé alors carolingien dans la zone des Grands Roseaux, au nord du lac, on a cru à l’existence d’une cité engloutie.

Au début du XXe siècle, la découverte des pilotis du site de Colletière au sud, puis ceux des Baigneurs alimentent l’idée de cités lacustres. Il faudra attendre encore deux décennies avant que le Grenoblois Hippolyte Müller, profitant d’une baisse des eaux, entreprenne des sondages entre les pieux pour les situer dans le temps.

La dendrochronologie, cette science qui permet de dater précisément une pièce de bois à partir des anneaux de croissance de l’arbre, est encore inconnue. Mais ce pionnier de l’archéologie détermine que Colletière et les Grands Roseaux ont été édifiés au Moyen Âge, tandis que le village des Baigneurs remonte au Néolithique, autour de 2 700 ans avant notre ère.

Il n’est pas loin de la réalité… Les deux sites retomberont ensuite dans l’oubli avec tous leurs vestiges jusque-là préservés du temps dans la craie et les eaux. Mais en 1971, un projet d’aménagement portuaire à Charavines menace de les faire disparaître à jamais. Des fouilles de sauvetage sont alors déclenchées en alternance sur les deux sites : Aimé Bocquet dirige celles du village néolithique, puis Michel Collardelle et Éric Verdel celles de la station médiévale.

 

Des instantanés de vie quotidienne

Lorsque Josselin Derbier rejoint l’équipe d’archéologues-plongeurs bénévoles de Colletière en 1997, les techniques de fouilles subaquatiques ont déjà bien évolué et fait l’objet de nombreuses publications scientifiques.

Fini, la « pêche » aux silex, tessons de céramique ou autres objets de bois gorgés d’eau (qu’il s’agit ensuite de conserver dans leurs formes et couleurs originelles). Ce sont des blocs entiers de sédiments qui sont extraits du lac puis tamisés à terre pour étudier le moindre vestige dans son contexte, strate par strate : “À côté de tous les objets prestigieux, on a pu identifier des pépins de raisin, des coques d’amande et de noix, des crottes de chèvre et de mouton et même des parasites de cheval… Tous ces déchets organiques, laissés après le démontage des habitations par les habitants de Colletière, sont de précieux indices sur les modes de vie et leur environnement en l’an mille : la flore, la faune, le climat, les plantations…”, témoigne l’historien, qui s’attache aujourd’hui à la mise en scène de cette épopée scientifique pour la toute première exposition temporaire du nouveau Musée archéologue du lac de Paladru.

“Très peu de sites archéologiques ont livré autant de pièces dans un tel état de conservation, ajoute Isabelle Dahy, directrice des musées du Pays voironnais. Ils offrent des instantanés de la vie quotidienne de deux communautés en pleine activité ayant vécu l’une au Néolithique, au temps des premiers agriculteurs, à la fin de la Préhistoire. Et l’autre en l’an mille, cette époque où l’on bascule peu à peu du modèle carolingien vers le système féodal. Des périodes de transitions politique, sociale, environnementale qui font écho à la nôtre.”

Encart

En savoir plus

Voir la vidéo de Vincent Costarella : Balade artistique autour du musée archéologique pour l’inauguration de “La pirogue”, sculpture de Vincent Gontier, le 18 septembre 2021.

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Repères

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Un nouveau musée

Édifié au bord du lac à l’initiative de la Communauté d’agglomération du Pays Voironnais, le nouveau musée du lac de Paladru, en forme de pirogue, présentera environ 600 objets sur les 20 000 mis au jour sous les eaux.

Parmi eux, beaucoup de pièces rares qui témoignent du niveau de raffinement et de complexité des deux communautés présentes sur les sites, tant au Néolithique que dans la période médiévale : des perles d’ambre de la Baltique, des poignards entiers avec leur manche d’osier, un jeu d’échecs aux formes arabisantes, des chaussons de cuir pour bébé, un exceptionnel arçon de selle sculpté… Sans oublier cette pirogue du XIe siècle creusée dans un tronc de chêne, encore jamais exposée…

Immergé de façon poétique au temps des premiers agriculteurs puis dans une petite colonie de paysans-cavaliers de l’an mille, le visiteur n’aura plus la même vision de la Préhistoire et du Moyen Âge.

Rendez-vous au printemps 2022 pour l’ouverture du musée.

©Basalt architecture

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L’aventure subaquatique

Les fouilles subaquatiques ne sont pas l’apanage du lac de Paladru : des sites néolithiques ont été retrouvés sous les eaux d’autres lacs, alpins ou jurassiens notamment.

Beaucoup plus rares en revanche sont les sites médiévaux comme Colletière. Et les quarante ans de chantier menés à Paladru ont aussi fait école au plan national, voire international, par leur ampleur et le nombre de publications scientifiques qui ont accompagné les fouilles, et permis de mettre au point des techniques innovantes tant sur les méthodes d’investigation que sur la conservation des objets immergés.

Le nouveau musée plongera le visiteur dans cette aventure pionnière : la dendrochronologie (l’étude des cernes du bois), la palynologie (l’étude des pollens) ou l’archéozoologie n’auront plus de secret pour vous (ou presque)…

 

© JP.Derbier

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