Les lacs de Matheysine entre nature et culture

À Saint-Théoffrey, point de vue sur le grand lac de Laffrey depuis le belvédère Olivier Messiaen.
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Bordés par la célèbre route Napoléon, les lacs de Laffrey conjuguent un environnement naturel exceptionnel avec quelques pépites patrimoniales. En hiver, ce territoire est encore plus magique…

À Saint-Théoffrey, point de vue sur le grand lac de Laffrey depuis le belvédère Olivier Messiaen.

 

Ils sont quatre, comme les frères Dalton, du plus petit, le lac Mort au plus grand, le lac de Laffrey, en passant par le lac de Petichet et celui de Pierre-Châtel. D’origine glacière, ils figurent parmi les joyaux naturels du plateau Matheysin. Si on les fréquente surtout à la belle saison pour se baigner dans leurs eaux turquoise, pratiquer des sports nautiques, pique-niquer sur leurs berges ou profiter des joies du camping les pieds dans l’eau, ils ne perdent rien de leur attrait l’hiver.

 

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Le lac de Petichet et le marais de Fontaine-Pelouze.

 

Situés à près de 1000 mètres d’altitude, balayés par la bise, ils se teintent de blanc dès les premières neiges et gèlent parfois de janvier à mars. Autrefois, il n’était d’ailleurs pas rare que les riverains s’adonnent à la pêche au trou sur le grand lac de Laffrey à la façon des Esquimaux. Une pratique aujourd’hui disparue.

S’égrenant comme un chapelet, ces lacs et leurs abords, on le sait moins, sont une zone à fort intérêt écologique, faunistique et floristique. Le Département de l’Isère a d’ailleurs classé 275 hectares de milieux naturels en espace naturel sensible départemental où régulièrement des naturalistes viennent étudier des espèces protégées comme le liparis de Loesel, la gentiane des marais ou la langue de serpent, des hôtes des tourbières, roselières, prairies et autres boisements humides.

Ces milieux abritent aussi de nombreux petits mammifères (muscardin, crossope aquatique…), amphibiens (crapaud calamite, triton alpestre…) et reptiles (couleuvre à collier, lézard vivipare…), mais surtout des espèces d’oiseaux nicheurs et migrateurs. Les lacs sont en effet situés sur un couloir migratoire entre la vallée de la Durance et celle de l’Isère où le balbuzard pêcheur et la cigogne blanche viennent se reposer ou se nourrir.

 

Sur les traces d’Olivier Messiaen

S’il est un personnage qui symbolise bien le lien entre nature et culture en Matheysine, c’est le compositeur et organiste Olivier Messiaen.

Inspiré par les chants d’oiseaux, dont il déchiffrera les mélodies pour créer certaines de ses œuvres, il s’installe, dès 1936, chaque été à Saint-Théoffrey au bord du lac de Laffrey. Amoureux de la région, il en arpentera le moindre chemin, comme l’ancienne voie gallo-romaine située à l’est des lacs, découvrant aussi des pépites patrimoniales comme le moulin Troussier, à Cholonge, daté du XIXe siècle, la chapelle de Petichet où il accompagnait la messe dominicale à l’harmonium, la prairie de la Rencontre à Laffrey, haut-lieu historique, ou encore la Pierre percée, cette curiosité géologique qui domine Pierre-Châtel.

Décédé en 1992 et enterré au cimetière du village, Olivier Messiaen a laissé son empreinte un peu partout. Du belvédère qui porte son nom à Saint-Théoffrey, édifié à quelques mètres de sa maison, en passant par l’église paroissiale Notre-Dame-du-Mont-Carmel, dont il financera la restauration, jusqu’au pays de la Meije où, chaque été, à La Grave, un festival international de musique contemporaine lui est consacré.

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