Voltigeuses des eaux douces

Publié le
Modifié le
Sympetrum-deprime
  • Nature
Chapô

Libellules et demoiselles enchantent les cours d’eau et les bords des lacs par leurs couleurs et leurs prouesses aériennes. Certaines virevoltent dès le début du printemps. Rencontre avec ces créatures des eaux et des airs.

 

Les libellules font partie des animaux les plus anciens sur terre : il y a plus de 250 millions d’années, leurs ancêtres géants pouvaient mesurer entre 60 centimètres et 1 mètre d’envergure ! Hormis leur taille, ces voltigeuses colorées ont peu changé depuis.

En Isère, il existe aujourd’hui 71 espèces de libellules sur les 93 recensées en France*. Une richesse due à la grande diversité des milieux isérois, notamment au sein des espaces naturels sensibles.

Communément appelé « libellules », l’ordre des odonates (qui signifie « aux mâchoires dentées », en référence à leur régime alimentaire carnassier) regroupe en réalité les « libellules vraies » et les « demoiselles ».

Les premières sont généralement plus grosses, avec des ailes avant et arrière légèrement différentes. Elles volent de façon précise et extrêmement rapide, et conservent leurs ailes à plat quand elles se posent. Plus frêles et moins rapides, les demoiselles (dont les agrions) se distinguent des libellules vraies par la position de leurs ailes, qu’elles sont capables de replier sur leur dos « en toit ».

 

Deux vies, entre ombre et lumière

L’une des particularités des libellules est d’avoir deux vies en une : d’abord aquatique, puis aérienne. Avant de devenir volantes et chatoyantes, les libellules ont déjà vécu la plus grande partie de leur vie sous l’eau, à l’état de larve, et ont connu entre 8 et 18 mues.

La phase larvaire peut durer de quelques semaines à plusieurs années, selon les espèces. Mais pour une libellule adulte, l’expression « elle ne passera pas l’hiver » est une fatalité (seule la brunette hivernale hiberne). Sa vie virevoltante, dédiée à la reproduction, s’achève au plus tard avec l’été.

 

Des bolides volants

Autre singularité, elle peut bouger ses ailes de manière indépendante. Elle est ainsi capable de prendre des virages à angle droit, de faire du vol stationnaire ou encore d’effectuer une marche arrière (fait rarissime chez les insectes).

Le nec plus ultra en matière de vol, qui a notamment inspiré les concepteurs d’hélicoptères ! Sans parler de ses accélérations fulgurantes : une grosse libellule peut faire des pointes à plus de 90 km/h ! Elle est aussi dotée d’une vue exceptionnelle, grâce à deux gros yeux à facettes qui lui permettent de repérer une proie à 30 mètres de distance. Tout cet arsenal en fait un prédateur redoutable.

L’adulte chasse notamment les mouches et les petits insectes. Particulièrement voraces, les larves s’attaquent à d’autres larves et insectes aquatiques, parfois aussi aux têtards. Les libellules pondent leurs œufs dans l’eau ou les végétaux aquatiques et riverains. C’est la raison pour laquelle elles vivent près des mares et des rivières.

Certaines espèces ne pondent que sur des supports précis : une espèce végétale donnée, un type de fond (vase, graviers…), sans oublier les caractéristiques liées à la qualité de l’eau. Les libellules sont ainsi dépendantes de leur milieu et très sensibles à toute altération : on parle d’insecte bio-indicateur, c’est-à-dire qui reflète l’état de santé du milieu.

Malgré leurs millions d’années d’ancienneté, aujourd’hui de nombreuses espèces se retrouvent menacées, dont une vingtaine en Isère.

 

*Source : expertises naturalistes de Guillaume Delcourt.
2
minutes de votre temps
A- A+
Publié le
Modifié le