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Sentir l’air sur notre peau, écouter les oiseaux qui chantent à tue-tête, enlacer les arbres, s’ouvrir aux espèces qui peuplent la nature et profiter de nos paysages repeints de vert tendre…
En ce joli mois de juin, on vous invite à faire ce qui vous plaît et à revisiter avec un œil neuf notre territoire en compagnie de guides pleins de ressources.
Un matin dans le Vercors, dans une grande clairière, Caroline De Klerk, accompagnatrice en montagne, spécialisée dans la marche énergétique, anime un atelier de relaxation avec cinq adultes.
Pour commencer, elle leur demande de se déchausser et de sentir l’herbe sous leurs pieds. Puis elle les fait respirer profondément et s’étirer. “En général, les participants sont agréablement surpris. Beaucoup n’imaginaient pas que cette expérience les ressource autant.”
Avec plus de 50 % de la population mondiale vivant dans des milieux urbains (80 % en France), notre relation avec la nature s’est considérablement distendue. Fait marquant : quatre enfants sur dix ne jouent jamais dehors durant la semaine ! Or le contact avec l’espace extérieur ne nous a jamais autant manqué depuis que nous en avons été privés. Les confinements et différentes mesures de restriction pour lutter contre la pandémie ont suscité un regain d’intérêt.
Selon un sondage, 60 % des Français expriment un besoin croissant de se mettre au vert, que ce soit en allant davantage dans les parcs, en partant plus souvent en week-end à la campagne ou encore en privilégiant l’achat d’une maison avec jardin.
L’une des raisons est que la nature nous fait beaucoup de bien. Et c’est désormais scientifiquement prouvé ! Une étude a révélé que les patients d’un hôpital bénéficiant d’une chambre avec vue sur un parc se rétablissaient beaucoup plus vite que les autres.
De même, de nombreux travaux ont établi tous les bénéfices de l’environnement sur notre santé : baisse des troubles respiratoires, mais aussi de la pression artérielle et du cortisol, diminution des risques de développer une maladie mentale ou encore amélioration de l’immunité.
Une nature précieuse et généreuse
En Isère, nous avons la chance d’avoir une nature omniprésente, à proximité des grandes agglomérations urbaines, qui permet de raviver notre corps et de nous apaiser. Entre plaines, collines, moyenne et haute montagne, nous pouvons profiter d’une incroyable variété de paysages qui s’étalent des rives du Rhône, à 158 mètres d’altitude jusqu’à l’Oisans, avec des sommets à plus de 4 000 mètres dans le massif des Écrins. Tout autour, sept grands lacs de plus de 50 hectares et 296 000 hectares de forêt.
Pour permettre à tous de profiter des bienfaits de cette nature précieuse et généreuse, le Département a aménagé 9 000 kilomètres de sentiers balisés et labellisés PDIPR et 300 kilomètres de véloroutes et de voies vertes avec à chaque fois de nombreuses occasions de nous émerveiller.
Du site archéologique de Larina, au nord, au château de Vizille, au sud, en passant par la cité gallo-romaine de Vienne et par de nombreuses maisons fortes et villages de caractère, plus de deux mille ans d’histoire nous sont racontés. Autant de trésors à découvrir pour se faire du bien tout naturellement. Le beau soulage aussi l’âme et l’esprit.
Interview
Pourquoi la nature nous fait beaucoup de bien
Un instituteur, une journaliste et un scientifique nous expliquent pourquoi et comment la magie opère quand nous nous mettons au vert ou nous pénétrons dans une forêt.
François Lenormand, ancien instituteur, vice-président de la Fédération « Connaître et protéger la nature »
Reconnecter les enfants
Aujourd’hui, nous sommes capables de traverser la forêt sans qu’elle ne nous traverse. L’éloignement des espaces ouverts, nos emplois du temps surchargés, la dématérialisation à outrance, le manque de jeu individuel, ainsi que la « culture de la peur » nous ont complètement déconnectés de la nature.
Et certains enfants de 3 à 10 ans n’ont jamais touché l’herbe de leur vie ! Or, ce contact est essentiel à leur épanouissement physique et psychologique et à leur prise de conscience de l’appartenance à la nature. D’où la nécessité de leur donner des « prétextes » amusants pour aller plus souvent dehors.
Par exemple, grimper aux arbres, dormir sous les étoiles, courir dans les flaques, ramasser des champignons… mais aussi de leur faire vivre des expériences sensibles, comme fermer les yeux, poser leur attention sur le vent, le chant des oiseaux.
Pascale d'Erm, journaliste, guide certifiée de bains de forêts, auteure de Pourquoi la nature nous soigne et nous rend plus heureux.
La nature nous soigne
Près de 450 études réalisées dans le monde démontrent que la nature est bonne pour la santé. Au Japon, où la sylvothérapie bénéficie d’un statut officiel, des scientifiques ont ainsi prouvé que des séjours de trois jours et deux nuits en forêt renforçaient notre système immunitaire pendant au moins un mois. Le secret réside dans les phytoncides, huiles essentielles libérées dans l’air par les arbres et qui protègent des bactéries.
Autre constat, une marche de quarante minutes en respirant lentement et à pleins poumons au milieu des arbres réduirait notre taux de cortisol, hormone du stress, de 13 %. Les « bains de forêt » diminuent aussi la pression artérielle et le rythme cardiaque, font baisser le taux de glycémie, augmentent la production de protéines anticancers et facilitent la perte de poids.
Convaincus de ces bienfaits de la forêt sur notre santé, les Finnois ont mis au point des sentiers thérapeutiques pour lutter contre les pathologies mentales et les addictions.
Jean-Jacques Brun, docteur en écologie des sols, chercheur associé au centre interdisciplinaire d’éthique de l’Université catholique de Lyon.
La nature se respecte
Nous considérons trop souvent la nature comme un lieu de loisirs et de défoulement. Nous oublions souvent que c’est aussi un espace de relation. Mieux, la grande maison de tous les êtres vivants.
Avant d’y entrer et pour en profiter pleinement, il faut prendre le temps de faire le silence en soi et d’observer tout ce qui se trouve autour de nous : les plantes, les animaux et le paysage. On peut les saluer, les observer attentivement et, par une ample respiration, se connecter à tout l’écosystème.
Personnellement, j’ai un rituel qui consiste à balayer le regard le long d’un tronc d’arbre de ses racines jusqu’à la canopée, puis horizontalement, en entrant en contact avec un élément à portée de sens : toucher l’écorce, sentir l’humus, écouter un oiseau chanteur.
Ce temps de pleine attention passe par la vue, le toucher, l’odorat, l’ouïe. Cinq minutes suffisent pour vivre ce sentiment d’émerveillement et d’appartenance à plus grand que nous.
On leur a demandé....
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La ViaRhôna relie les principaux sites patrimoniaux de l’Isère rhodanienne.
À vélo de château en site archéologique, au fil du Rhône
La ViaRhôna, c’est une voie cyclable de 800 kilomètres au fil du fleuve Rhône, qui part des rives suisses du lac Léman à celles de la Méditerranée. José Diaz, directeur de la maison du patrimoine de Hières-sur-Amby, l’a parcourue en entier l’été dernier.
Mais sur une journée, on peut rester en Isère, du pont suspendu de Groslée, à Brangues, jusqu’à Saint-Romain-de-Jalionas, et poursuivre au sud par la nouvelle voie verte aménagée entre la cité médiévale de Crémieu et Arandon.
Cette boucle sur 70 kilomètres permettra aux amoureux du patrimoine de découvrir les sites patrimoniaux majeurs (il suffit de suivre la signalétique) de Morestel au château de Vertrieu en passant par les grottes de la Balme…
Mais c’est aussi une belle escapade bucolique à faire en famille ou en amoureux juste pour le plaisir de filer à travers les étangs, les marais et les villages authentiques…
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Le site archéologique de Larina.
Paysage et patrimoine à Larina
Sur un éperon rocheux, bordé de falaises dominant la plaine du Rhône, le plateau de Larina est à la fois un espace naturel sensible de 22 hectares parcouru de sentiers dans un paysage magnifique, où poussent des orchidées rares.
C’est aussi un site archéologique classé monument historique abritant les vestiges restaurés d’un vaste domaine rural de la fin de l’Antiquité et de la période mérovingienne, avec ses bâtiments d’exploitation, ses maisons, ses chapelles, ses nécropoles.
C’est encore un musée labellisé « Musée de France », à la maison du patrimoine de Hières-sur-Amby. Situé au cœur du village, que l’on peut rejoindre à pied, quelque 1 500 objets retrouvés sur le site et alentour – céramiques préhistoriques des grottes de la Balme, armements, parures de la tombe du prince celte et de la villa gallo-romaine de Saint-Romain-de-Jalionas – témoignent de l’étroite relation entre les hommes et cet environnement préservé au fil des âges. À découvrir absolument !
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La forêt de Saint-Hugon : un site historique et spirituel.
Saint-Hugon : la forêt mystique…
En Isère, la forêt représente 296 000 hectares, soit 38 % de la surface du département. Au nord du massif de Belledonne, aux portes de la Savoie, se trouve l’une des plus mystiques : la forêt de Saint-Hugon.
Pendant six siècles, de 1173 à 1782, elle abrita une communauté de moines chartreux, dont on connaît le goût pour la prière et l'isolement. Dès le XVIe siècle, ils en firent le site de transformation de minerai de fer parmi les plus importants de Savoie.
Aujourd'hui, cette forêt de 1830 hectares a gardé toute son âme et sa sérénité. Elle protège un important vivier d'espèces animales et végétales (tétra-lyres, lagopèdes, chamois), dont certaines sont rarissimes comme le merle de roche et la leuzée rhapontique, également appelée artichaut d'or.
Traversée par l'impétueux torrent de Bens, elle est très agréable en été. C'est d'ailleurs un lieu de promenade très prisé. Une boucle de quatre kilomètres permet aux randonneurs de venir s’y ressourcer. La balade débute à la maison forestière de l'office national des forêts de La Chapelle-du-Bard.
Elle se poursuit jusqu'au pont Sarret et à l'ancienne Chartreuse de Saint-Hugon, devenue en 1979 un centre d'études et de pratique bouddhiste, situé à Arvillard en Savoie. Un itinéraire champêtre et patrimonial où vous pourrez aussi découvrir le pont du Diable, construit au XVIIe siècle, marqué en son milieu par la croix de Savoie et le lys de France, jadis frontière entre les deux États.
© Didier Jungers & © Richard Juillet
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Le chemin de Saint-Jacques de Compostelle traverse l’Isère sur 120 kilomètres.
Sur le chemin de Saint-Jacques de Compostelle
C’est l’un des parcours les plus spirituels de l’Isère. Entre Saint-Genix-sur-Guiers, ville frontière entre l’Isère et la Savoie, et Gillonnay, 120 kilomètres de sentiers sont balisés d’une coquille jaune sur fond bleu symbolisant le chemin de Saint-Jacques-de-Compostelle.
Chaque année, des centaines de pèlerins parcourent ce tronçon appelé Voie de Genève, l’un des multiples itinéraires menant au sanctuaire où reposerait la dépouille de l’apôtre Jacques, considéré comme l’évangélisateur de l’Espagne. La partie la plus intéressante s’étire entre le Pays voironnais, autour du lac de Paladru et la vallée de la Bièvre.
On y découvre les empreintes des moines chartreux, comme les étangs où ils élevaient des poissons, ou encore la grange dîmière (XVIIe siècle) où ils recueillaient la dîme, impôt en nature versé par les paysans. Alternant champs de céréales et forêts de châtaigniers, le chemin s’enfonce à petits pas dans la plaine dauphinoise jusqu’à La Côte-Saint-André, ville natale d’Hector Berlioz. La cité vaut le détour pour sa superbe halle du XVe siècle et ses rues bordées de façades Renaissance.
Puis la route se poursuit, jalonnée de nombreux trésors, dont le village médiéval de Revel-Tourdan, les églises de Pommier-de Beaurepaire et de Saint-Romain-de-Surieu, sans compter les maisons en galets roulés typiques du territoire.
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L’espace naturel sensible de l’étang de Lemps accueille l’un des 70 parcours d’orientation aménagés en Isère.
Observer la nature en s’amusant
On y rencontre la tortue cistude, mais aussi la rainette arboricole, la rousserole turdoïde et le papillon cuivré des marais. Au cœur de l’Isle-Crémieu se dissimule l’étang de Lemps. Situé sur deux communes, Optevoz et Saint-Baudille-de-la-Tour, ce site particulièrement représentatif des zones humides du Nord-Isère, est à la fois un espace naturel sensible (ENS) et l’un des 70 parcours d’orientation de l’Isère.
Lancés en 2016 par le Département et le comité départemental de course d’orientation, les parcours sont des jeux de piste grandeur nature invitant à parcourir en famille ou entre amis un circuit balisé d’épreuves à surmonter. Certains sont adossés à des lieux patrimoniaux et d’autres à des sites naturels.
Concrètement, chacun dispose d’une carte avec des repères pour se situer. Seul passage obligé, des balises en bois avec une pince intégrée (une quinzaine en moyenne) où des questions sont posées.
Exemple à l’étang de Lemps, où il faudra trouver qui vit dans la mare ou encore à quoi sert la forêt. Sont aussi proposés, des parcours dédiés aux enfants, accessibles dès 6 ou 7 ans, mais aussi deux parcours pour personnes en situation de handicap, l’un dans le domaine départemental de Vizille et l’autre à Allevard, dans le massif de Belledonne.
Accessibles sur le site isereoutdoor.fr ou dans les offices de tourisme.
© Tourisme Bievre Valloire - S.Chappaz & © F.Pattou