- Nature
En quelques décennies, des espèces disparues sont revenues en Isère grâce à des réintroductions réussies, la mise en œuvre de mesures de protection et de préservation de leur habitat ou tout naturellement.
“Magnifique, ce vol élégant de gypaète barbu”, s’extasie Gérard Créton, membre du Club alpin français. Depuis la réserve des Hauts plateaux du Vercors, il savoure ce rare moment en compagnie d’un groupe de randonneurs.
Espèce emblématique du milieu montagnard, ce grand vautour aurait pu disparaître à jamais de l’arc alpin, si, en 1986, un projet de réintroduction basé sur sa reproduction en captivité n’avait été lancé en Autriche. Depuis, il a reconquis son espace naturel, surveillé de près par des associations, comme Envergures alpines.
Depuis 2017, ses bénévoles participent à la prévention et au suivi de ses sites de nidification avec le parc national des Écrins. “Et pour la troisième fois, un gypaète s’est reproduit en Isère. Un poussin a éclos le 26 février”, se félicite Christian Couloumy, son président.
Autre animal emblématique des montagnes : le bouquetin des Alpes. Disparu depuis le XIXe siècle, l’ongulé a été réintroduit au milieu des années 1980 dans les massifs de Belledonne, du Vercors et, en 2010, de Chartreuse. Aujourd’hui, sa population est stable et ne suscite pas d’inquiétude. Quant à la marmotte, qui aurait pu croire qu’elle a failli disparaître ?
Réintroduction, préservation, législation…
Décimée pour sa fourrure et sa viande, elle a été réintroduite en France dans les années 1940 et, en Isère, dans les années 1980, pour le plus grand plaisir des montagnards mais aussi de l’aigle royal, l’un de ses prédateurs. “La disponibilité en nourriture est l’une des conditions au retour de toute espèce, explique Adrien Lambert, chef de projet à la Ligue de protection des oiseaux, LPO. L’autre étant de retrouver un habitat naturel de qualité, dans un environnement favorable.”
Pour assurer le bien-être d’animaux sensibles au dérangement, 76 zones de quiétude ont donc été définies par les gestionnaires d’espaces naturels et les pratiquants de la montagne. Les informations, réunies sur la plateforme Biodiv’sports, sont transmises aux communautés sportives via des sites Internet comme camptocamp.org ou geotrek.fr.
Et quand la concertation ne suffit pas, le recours à la loi peut être d’un grand secours. Le hibou grand-duc fait partie de ces espèces qui ont bénéficié, comme la genette ou le faucon pèlerin, de mesures législatives de protection. Un arrêté de 1972 interdit sa chasse et depuis “on compte environ 150 couples en Isère”, confirme Françoise Chevalier, coordinatrice à la LPO-Isère.
Enfin, des espèces sont revenues naturellement en Isère comme le loup, la loutre, le chat forestier ou encore le lynx dont la présence est avérée en Chartreuse depuis 1990. Le réchauffement climatique a aussi apporté quelques surprises avec une présence plus marquée du guêpier d’Europe et l’arrivée de huit espèces de cigales à Grenoble !
En parallèle, ce retour d’espèces emblématiques contraste avec la raréfaction d’oiseaux communs tels le moineau domestique, l’alouette ou l’hirondelle.
© A.Hérault ; G.Schmitt
Pour en savoir plus :
- faune-isere.org
- Rapaces passionnément & Guide des oiseaux des Alpes sur gerardschmitt.com
- faucon pélerin
- Chat forestier
- Jean-Luc Frémillon
- La genette
- La loutre
- La marmotte
- L’aigle royal
- Le lynx