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La crise du Covid-19 a remis au premier plan le rôle essentiel de la préservation d’une agriculture performante et de proximité, gage de notre sécurité alimentaire. La coopérative Dauphinoise, qui fédère 5 000 agriculteurs dans notre région, contribue à répondre aux défis actuels, en…
Soumis aux aléas de la météo, des changements climatiques, des exigences réglementaires et de la concurrence mondialisée, les agriculteurs ont parfois du mal à vivre de leur production.
Les consommateurs, de leur côté, sont de plus en plus exigeants et soucieux de leur alimentation : “Ils veulent des produits qui ont du goût, qui sont aussi bons pour la santé et avec un moindre impact sur l’environnement”, résume Philippe Lefebvre, directeur du métier du grain et du développement du groupe coopératif Dauphinoise, à Vienne.
Partant de cette demande sociétale, alors que les céréaliers subissaient de plein fouet la baisse des prix liée à la concurrence de l’Europe de l’Est sur le blé ou le maïs (qui étaient destinés à l’exportation), la coopérative a adopté un plan stratégique en 2018.
Objectifs : valoriser les atouts de notre terroir régional et réorienter les cultures sur des filières à plus forte valeur ajoutée pour le marché intérieur, comme le blé, les lentilles, l’épeautre, le soja (sans OGM ni processus chimique, contrairement à celui que l’on importait du Brésil)…
“Aujourd’hui, 40 % de nos productions s’inscrivent dans ces filières, dans le cadre d’un partenariat qui lie le producteur, le transformateur et le distributeur, avec un cahier des charges et un engagement pluriannuel sur les volumes, poursuit Philippe Lefebvre. Et cette diversification améliore la rotation des cultures.”
Valoriser une identité régionale
Un exemple : la baguette La Campanière HVE (haute valeur environnementale) d’Intermarché qui se vend… comme des petits pains, malgré son prix légèrement supérieur à celui de la baguette ordinaire.
Dix-huit producteurs de la région se sont engagés dès la récolte 2018 pour amorcer la démarche et fournir 2 500 tonnes de blé en agriculture raisonnée – la certification HVE garantissant la bonne gestion environnementale de l’exploitation.
Ce blé est ensuite transformé chez un meunier du Bourget-du-Lac, en Savoie, qui livre à la boulangerie de La Voulte-sur-Rhône, en Ardèche. Cette année, ce sont 80 exploitations, dont une majorité en Isère, qui produisent 7 000 tonnes de blé avec un contrat sur cinq ans avec Les Mousquetaires.
Un accord de même nature lie les moulins du Bion à Maubec, qui approvisionnent en farine sous la marque ISHERE quelque 300 artisans boulangers de la région.
“Nous travaillons de la même façon avec des arboriculteurs ou des viticulteurs que nous accompagnons sur la certification HVE. On vend une identité régionale, des cultures plus respectueuses de l’environnement, avec moins de phytosanitaires : 75 % de nos productions sont stockées sans insecticide”, précise encore Philippe Lefebvre.
Véronique Unternahrer, directrice de la communication, insiste aussi sur un message à faire passer auprès des consommateurs : “Les agriculteurs, contrairement aux idées reçues, sont totalement ouverts à l’innovation et prêts à s’investir sur ces nouvelles pratiques. La pérennité de nos exploitations va de pair avec la préservation des terres, des ressources en eau et en énergie…”
La Dauphinoise en Chiffres
- Création : 1934
- Implantation : Vienne
- 5 000 agriculteurs adhérents
- 1 500 collaborateurs
- 427 millions d’euros de chiffre d’affaires consolidé
- 5 pôles : agricole, animal, grand public, œufs, logistique
- 82 magasins Gamm Vert
- 3 usines de nutrition animale
Zoom
Tester des alternatives au glyphosate
Le glyphosate, puissant désherbant produit par Monsanto, est remis en question à cause de son impact sur l’environnement.
Mais les alternatives comme le labour présentent d’autres inconvénients et le désherbage mécanique demanderait un énorme surcoût de main-d’œuvre.
Pour anticiper la réglementation à venir, 19 agriculteurs isérois testent actuellement avec la Dauphinoise de nouvelles méthodes sur 425 hectares de superficie.“C’est la force de la coopérative : seule, une exploitation ne pourrait pas mener une expérimentation à cette échelle”, explique Philippe Lefebvre.