Lierre et gui : mal-aimés et si mals connus

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Si l’hiver est propice à un ralentissement de la vie végétale, il en est autrement pour le lierre et le gui, qui au contraire s’épanouissent durant cette période. Une aubaine pour la flore et surtout pour la faune, qui tirent profit de leur rythme végétatif décalé. Sauf quand l’homme intervient……

"Une fois de plus, l’ignorance a encore frappé. Des individus ont sectionné le lierre qui grimpait le long de ce peuplier, constate à regret Corinne Ribault, gestionnaire de l’espace naturel sensible du bois de la Bâtie, à Saint-Ismier. Je vais disposer un panneau d’information pour expliquer aux promeneurs que le lierre n’est pas un parasite.”

En effet, contrairement aux idées reçues, cette plante n’est pas une liane « étrangleuse » qui tuerait les arbres comme certaines espèces végétales endémiques des pays tropicaux. Si, avec ses crampons, le lierre grimpe aux murs, aux troncs ou aux poteaux téléphoniques, c’est pour prendre de la hauteur et trouver l’ensoleillement nécessaire à son développement.

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Le lierre nourrit par ses fleurs de nombreux insectes, mouches, abeilles, coléoptères…

En aucun cas, il ne limite la croissance de son arbre support. Une fois installé, il est même un précieux atout pour l’écosystème dont il fait partie. “Ses feuilles protègent les arbres du gel, de la sécheresse et limitent la présence des champignons, des bactéries et autres parasites, poursuit Corinne. Avec son rythme végétatif décalé – il fleurit de septembre à novembre –, le lierre nourrit par ses fleurs de nombreux insectes, mouches, abeilles, coléoptères… et son feuillage sert de dortoir aux chauves-souris, chouettes hulottes et hiboux moyens-ducs. Le Citron, ce papillon d’une exceptionnelle longévité – 12 mois – y trouve même refuge pour hiverner. Seul bémol, le lierre peut, par son poids, augmenter la fragilité d’un arbre et de ses branches lors de violents coups de vent ou d’importantes chutes de neige.”


Ils assurent le gîte et le couvert…
Autre qualité intéressante qu’il partage avec le gui : ses fruits arrivent à maturité au cœur de l’hiver. Une véritable aubaine pour de petits mammifères, comme le lérot, le muscardin ou la martre, et pour de nombreux oiseaux, geais, merles et grives qui vont se rassasier de ses baies alors que la nourriture est rare. Une offrande qui est un bel exemple de coopération. Si la pulpe de leurs fruits est en effet consommable, leurs graines ne sont pas digérables. Elles seront donc rejetées dans les fientes d’oiseau et, disséminées au gré de leurs vols, participeront à la reproduction des deux plantes.

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Un oiseau se nourrissant des fruits du gui.

Le gui a même « inventé » un stratagème supplémentaire. Son fruit contient du sucre et surtout une colle végétale, la glu. Les graines pourront ainsi rester collées aux branches et, au printemps, germer puis pénétrer dans l’écorce de l’arbre. Car contrairement au lierre inoffensif, le gui est une espèce semi-parasite qui, grâce à ses suçoirs, peut affaiblir son hôte en puisant dans le tronc l’eau et les sels minéraux dont il a besoin. Sa densité peut également gêner la croissance d'arbres comme les pommiers et peupliers.

La nature est pleine d'astuces. Apprenons à mieux la connaître et à composer avec elle.
 

Encart

Sources : Journal “La Hulotte” n°48/49/107
http://www.nature-en-famille.org/les-fiches

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