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Peu d’ébénistes subsistent, mais l’appellation de Cité du meuble persiste, quelques-uns poursuivant la tâche. Et si le centre-bourg sauvegarde de petits commerces, Pont-de-Beauvoisin est surtout une cité animée aujourd’hui autour de l’éducation et de la santé.
Pont-de-Beauvoisin Isère regarde sa jumelle savoyarde, de l’autre côté du Guiers, de l’autre côté du pont. Les deux bourgs longtemps étrangers, longtemps ennemis, peinent aujourd’hui encore à s’associer dans une dynamique commune.
Séparés par le Guiers, reliés par un simple pont, ils se défient encore. Leur destin et leur physionomie sont néanmoins imbriqués. Et vu du ciel, c’est un village de charme groupé le long des deux rives qui se dessine.
Cité double, cité du meuble
Cité du meuble depuis François Ier, Pont-de-Beauvoisin s’est développée côté Isère autour de savoir-faire et d’engagements forts. Le travail du bois tout d’abord, prétendument après le passage de François Ier.
Rien n’est moins sûr. Si le roi de France est bien venu à Pont, c’était lors des guerres d’Italie pour édifier un pont entre les deux cités et faire passer son artillerie. En revanche, exploiter les ressources en bois de la région et les compétences des bûcherons venus d’Italie semble une réalité évidente. Bien entendu, la présence du pont fut déterminante pour les échanges commerciaux, voire la contrebande au temps de Mandrin et de ses acolytes.
Entre les deux guerres, 500 artisans et ouvriers vivent du travail du bois. Les ébénistes pontois jouissent d’une grande réputation.
En 1975, une quinzaine d’usines et d’ateliers artisanaux livrent au-delà des frontières. Les jeunes mariés viennent de loin pour choisir leur chambre à coucher ou leur salle à manger dont hériterait leur descendance. Ce temps est révolu. Mais quelques artisans subsistent encore et réalisent un travail de grande qualité, avec des meubles sur mesure, notamment pour la cuisine.
Cité scolaire et hospitalière
Aujourd’hui Pont-de-Beauvoisin se distingue par une importante activité scolaire, de la maternelle au bac, équitablement répartie entre établissements publics et privés.
S’ajoute un secteur sanitaire fort avec un centre hospitalier qui draine un large bassin de population et, à proximité, sa nouvelle maison médicale de garde 24 h/24.
Si les deux villes ont pris chacune des orientations différentes, avec côté Savoie, un dynamisme économique clairement visible à travers une imposante zone artisanale et commerciale, leur trait d’union, outre leur (beau) voisinage indéfectible, reste leur complémentarité de fait.
Repères : Pont-de-Beauvoisin en dates et en chiffres
- 3 740 habitants
- 1 940 élèves, de la maternelle au lycée, dont 965 dans le public et 975 dans le privé
- 440 employés au centre hospitalier
- 1517 reconstruction en pierre de l’ancien pont de bois
- 1523 construction de l’église Saint-Clément
- 1791 naissance de Charles-Gabriel Pravaz, l’inventeur de la seringue
- 1870 début de la culture du tabac
- 1936 inauguration de l’hôpital
- 6123 code à saisir pour découvrir, en 15 bornes interactives, les contes de la Cité du meuble
Dynamique
Une médiathèque en construction
Un grand chantier anime aujourd’hui Pont-de-Beauvoisin avec la construction d’une médiathèque tête de réseau derrière la mairie.
Son édification, qui bénéfice d’une aide du Département de l’Isère, met en valeur les savoir-faire locaux et valorise l’environnement en conjuguant le bois, le pisé et la géothermie. Le bâtiment, déployé sur 760 m² environ, intégrera des espaces dédiés aux enfants, aux adolescents et aux adultes.
S’ajouteront une salle de jeux vidéo, une ludothèque et un espace polyvalent. Ce nouvel équipement intergénérationnel a l’ambition de devenir un pôle dynamique et attractif.
Racines
Musée du bois et mémoire du tabac
Il faut visiter le vaste musée de la Machine à bois de Pont-de-Beauvoisin. Unique en France, celui-ci est doté d’une belle collection de machines et d’outils à bois, mis en scène avec des mannequins qui restituent l’ambiance d’un atelier d’antan.
Quant aux longs bâtiments de la Seita (Service d’exploitation industriel des tabacs et des allumettes) sur le Champ-de-Mars, ils ne sont plus accessibles, mais évoquent l’épopée pontoise du tabac.
Celle-ci débute en 1870. La France autorise la culture du tabac en région et celle de Pont-de-Beauvoisin est la première à l’obtenir.
Édifiée en 1882, la Seita travaillait le tabac récolté dans 78 communes alentour et était la seule en France à produire des enveloppes de cigare de luxe. L’usine resta active jusqu’en 1990.
Patrimoine
Un musée de la machine à bois
La cité du meuble se devait de rendre hommage aux ébénistes qui firent la réputation de la ville et dynamisèrent l'économie locale.
Dirigé avec passion par Sandrine Vuillermet depuis son ouverture en 1999, ce vaste musée est un joyau un peu méconnu qui nous entraîne dans les coulisses du travail du bois. Occupant l'ancienne salle des fêtes de Pont-de-Beauvoisin Isère, celui-ci présente, avec l’aide d'une douzaine de mannequins, ces artisans qui meublaient les maisons d'autrefois.
Et l'on découvre des gouges, trusquins, la queue d'aronde, un rabot à dent, une mortaiseuse et une moulurière, la guimbarde de chaisier et tous les outils pour affûter, débiter, dégauchir, sculpter, tourner, assembler, coller, poncer...
Et l'on admire les assemblages en queues d'aronde ou encore ceux en tenons et mortaises. Du grand art ! La collection d'outils et de machines à bois de ce musée est unique.
Des plans aux finitions des meubles, la mise en scène en est remarquable, jusqu'à ce magnifique atelier d'ébénisterie reconstitué à la taille d'un enfant. Sont également présentées 21 planches d'essences de bois différentes.
Nouveauté 2021 : un petit salon de thé a été ouvert.
Contact : 22 place du professeur Trillat, Le Pont-de-Beauvoisin - 04 76 37 27 90. Ouvert du 1er mars au 15 décembre, du mercredi au dimanche de 14h à 18h.
© C.Lacrampe
Le canton de Chartreuse-Guiers
La commune de Pont-de-Beauvoisin fait partie du canton de Chartreuse-Guiers.
Céline Dolgopyattof Burlet, vice-présidente du Département en charge de l’environnement et de la biodiversité, et Roger Marcel, maire d’Aoste, en sont les deux conseillers départementaux.
Le canton compte 36 000 habitants environ répartis en 23 communes : Aoste, Charancieu, Chimilin, Entre-Deux-Guiers, Granieu, Pont-de-Beauvoisin, Les Abrets-en-Dauphiné, Merlas, Miribel-les-Échelles, Pressins, Romagnieu, Saint-Albin-de-Vaulserre, Saint-Bueil, Saint-Christophe-sur-Guiers, Saint-Geoire-en-Valdaine, Saint-Jean-d’Avelanne, Saint-Joseph-de-Rivière, Saint-Laurent-du-Pont, Saint-Martin-de-Vaulserre, Saint-Pierre-d’Entremont, Saint-Pierre-de-Chartreuse, Velanne et Voissant.
Tourisme
Un Cluedo géant dans Pont
Pont-de-Beauvoisin Isère s’attache à valoriser ses racines de manière ludique, avec des bornes interactives qui invitent les visiteurs à travers le jeu Intri’Guiers à cheminer de part et d’autre du pont à la découverte de l’histoire locale.
Trophée Innovation et Tourisme en 2012, Intri'Guiers, créé par l'office de tourisme du Vals-de-Guiers de Pont-de-Beauvoisin, offre deux versions : Le Trésor du Grand Joseph (pour enfants) et L'Assassin du Guiers (pour ados et adultes).
On récupère à l'office de tourisme une carte magnétique et un dépliant avec un plan de la ville et les consignes. Les bornes interactives et les messages à découvrir sont dispatchés de chaque côté du Guiers.
Il s'agit de résoudre une énigme faisant intervenir des indices historiques : références au bon docteur Pravaz, l'inventeur de la seringue, à l’époque de la contrebande, des séchoirs à tabac ou des intrigues et des secrets du XIXe siècle dans la vallée. Les bornes interactives, à double usage, permettent aussi d’écouter les contes de la Cité du meuble.
À faire en famille (2h de jeu et 4 km de marche). L’office de tourisme propose également à la location des vélos à assistance électrique pour s’évader sur les berges du Guiers ou grimper sur les collines alentour dont les paysages sont marqués par une agriculture toujours vivante.
Office de tourisme : 04 76 32 70 74
Société
La recyclerie du Guiers
Un distributeur de cacahouètes de bistrot, des verres en cristal, un blouson de cuir vintage, de la layette, des vinyles, des paniers, des dentelles... La recyclerie de Pont-de-Beauvoisin a ouvert en 2017, émanation d'Isactys, groupe d'économie solidaire pontois fondé voici 35 ans.
Sa mission première est la création d'emplois et l'insertion sociale. Cet espace de collecte, de valorisation et de vente d’objets de seconde main, génère tout un travail de manutention, de tri, de nettoyage, de présentation et de vente.
Durant 6 à 14 mois, les salariés acquièrent une qualification utile pour trouver ensuite un emploi.
Par leurs dons et leurs achats, mais aussi leur implication bénévole, les habitants du territoire participent au développement de l’emploi et à la diminution des déchets. Donateurs d'objets et chineurs sont d'ailleurs souvent les mêmes !
Facebook - Recyclerie du Guiers
© C.Lacrampe
C.Lacrampe
La ville de Pont-de-Beauvoisin, 3 740 habitants, s’étend le long de la rive gauche du Guiers.C.Lacrampe
Le Guiers, frontière naturelle entre Pont-de-Beauvoisin (Isère) et son homonyme savoyarde.C.Lacrampe
Cité réputée du meuble, Pont-de-Beauvoisin abrite encore quelques ateliers d’ébénisterie, comme ici rue Alexandre-Dumas.C.Lacrampe
Moment de détente, place de la République.C.Lacrampe
Le centre-bourg abrite de nombreux commerces et… lieux de détente.C.Lacrampe
Le centre-bourg abrite de nombreux commerces et… lieux de détente.C.Lacrampe
Le collège privé Jeanne d’Arc accueille 450 élèves environ.C.Lacrampe
Le groupe scolaire Lucien Morard avec son architecture caractéristique de la fin du XIXe siècle.C.Lacrampe
Le clocher de l’église Saint-Clément.C.Lacrampe
Le marché à Pont, c’est le lundi matin.