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En Isère, la méthanisation agricole rencontre un succès grandissant. Présentation de l'unité Agrimétha du Pouloux des frères Point, agriculteurs à Saint-Barthélemy.
En transformant des matières organiques d’origine agricole en énergie verte, la méthanisation s’inscrit comme un modèle vertueux qui profite aux agriculteurs autant qu’au territoire.
Comme Agrimétha du Pouloux, l’unité de méthanisation des frères Point, agriculteurs à Saint-Barthélemy, 13 méthaniseurs à gouvernance agricole sont actuellement en activité en Isère.
L’unité de méthanisation du Pouloux, avec ses trois dômes atypiques, est une silhouette désormais connue, et même reconnue de la commune de Saint-Barthélemy : elle est au centre d’un circuit vertueux de valorisation de matières organiques et production d’énergie.
Mise en service depuis plus d’un an, l’unité transforme des déchets organiques agricoles en biogaz, une énergie renouvelable qui, une fois épurée, peut être directement injectée dans le réseau de distribution de gaz local.
Ce projet a été porté par Raphaël et Olivier Point, qui ont créé l’entreprise Agrimétha du Pouloux. Les deux frères sont agriculteurs à Saint-Barthélemy où ils ont repris l’exploitation familiale d’élevage de veaux et de grandes cultures. Leur unité de méthanisation recycle les déchets organiques provenant de leur ferme, et également ceux produits par d’autres exploitations agricoles situées dans un rayon de 10 kilomètres.
Un gaz local, raffiné et de qualité équivalente au gaz naturel
Chaque jour, 30 tonnes de matières (fumiers d’élevage, cultures dédiées) sont collectées localement et acheminées pour alimenter les fosses semi-enterrées de l’unité. C’est là que le processus de méthanisation débute. « C’est la digestion de la matière, entrant en fermentation, qui va produire le biogaz, explique Raphaël Point. Les matières agricoles sont digérées 125 jours. À l’intérieur de la fosse, une température constante de 40 degrés couplée à l’absence d’oxygène, entraîne une réaction chimique et libère des bactéries, qui vont permettre la production de gaz. »
La matière de départ est alors recyclée naturellement, en partie en biogaz et le reste en matières minérales et organiques, appelées le digestat. Un engrais sain et sans odeur, qui peut être épandu dans les champs par les deux agriculteurs et se substitue à l’achat de produits phytosanitaires !
Le biogaz est quant à lui épuré pour devenir du biométhane, dont la qualité est équivalente au gaz circulant dans le réseau. Le biométhane produit par les frères Point alimente aujourd’hui les foyers d’environ 1 500 habitants. « Si on excepte les hivers, qui impliquent une plus forte consommation, on fournit Saint-Barthélemy et Beaurepaire, les deux villages du réseau de distribution de gaz auquel on a été raccordé par GRDF, la société qui en assure la gestion », se félicite Raphaël.
Un modèle qui accroit l’autonomie d’une exploitation
Si le projet a pu se développer sereinement sur le territoire et y trouver toute sa place, c’est que Raphaël et Olivier ont pris soin d’en démontrer le sérieux et la rigueur. Ils ont organisé des visites de l’unité pour les élus et les riverains, de sorte qu’ils se rendent compte que celle-ci n’occasionne aucun bruit. Ils ont aussi souligné que la technique de méthanisation employée ne présente pas de risque, contrairement aux idées reçues : « L’unité est sécurisée et le trop-plein produit de biogaz est automatiquement brûlé, pour ne pas être rejeté dans la nature », fait valoir Raphaël. En outre, la méthanisation est une méthode intéressante pour gérer certains déchets organiques agricoles et les odeurs qu’ils génèrent, puisqu’elle comprend leur collecte, leur stockage puis leur recyclage.
Avec leur exploitation et l’unité de méthanisation, les frères Point renforcent la soutenabilité de leur modèle agricole. « On est capable de récupérer l’eau utile au processus de méthanisation. Avec des panneaux solaires, on génère notre propre électricité qui alimente l’unité. Et on transforme le fumier de nos veaux en biométhane qui sera utilisé par les riverains et les industries aux alentours. Le digestat revient au sol et fertilise nos cultures. C’est vraiment un cercle vertueux, qui nous permet en plus d’accroître notre autonomie et de diversifier nos sources de revenus », résume Raphaël Point.
Repères :
De nouvelles unités de méthanisation en projet
Sur le département, 13 unités de méthanisation à gouvernance agricole sont actuellement en fonctionnement. Il s’agit de sociétés détenues en majorité, ou en totalité, par des agriculteurs isérois, à l’image de celle de Raphaël et Olivier Point.
130 exploitations agricoles iséroises sont impliquées dans des projets et valorisent ainsi des matières organiques pour les transformer en biogaz. Près de 5 % du gaz consommé en Isère est issu de la méthanisation agricole.
Ce mouvement est accompagné par le Département de l'Isère qui a déjà consacré 3 millions d’euros au soutien des projets de méthanisation agricole, par la Région à hauteur de 8,6 millions d’euros et par l’ADEME à hauteur de 3,3 millions d’euros. Agrimétha du Pouloux, à Saint-Barthélemy, a ainsi pu bénéficier de 200 000 euros d’aides du Département.
Quatre nouvelles unités de méthanisation doivent entrer en activité en 2024.