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Cheval emblématique de la région, le Vercors de Barraquand a bien failli disparaître. Mais c’était compter sans la détermination de quelques éleveurs qui, depuis trente ans, se mobilisent pour redonner à cette race locale ses lettres de noblesse.
Aux côtés d’Hydria, Céline Fandre, Marion Forestier et Sylvain Piltant, éleveurs de chevaux du Vercors de Barraquand.
À Sassenage, au pied du massif du Vercors, Marion Forestier et son compagnon, Sylvain Piltant, élèvent des chevaux depuis 2006. Mais pas n’importe quelle race d’équidés. Dans les prés, au milieu des mules et des poneys, des chevaux du Vercors de Barraquand paissent tranquillement, dont Hydria, une jument de 7 ans qui se remet de son dernier voyage à Paris.
Pour la deuxième année consécutive en effet, les visiteurs du Salon international de l’agriculture ont pu la voir évoluer dans le grand ring équin : présentation en main, montées, en attelage...
“Si aujourd’hui, nous sommes fiers de présenter nos chevaux, il n’en a pas toujours été ainsi, car cette race a bien failli disparaître par deux fois : à la fin du XIXe siècle, délaissée au profit de chevaux de trait plus gros, et au sortir de la Seconde Guerre mondiale, concurrencée par la mécanisation agricole”, explique Marion Forestier, présidente de l’Association nationale cheval du Vercors de Barraquand.
Des effectifs en hausse
Cheval robuste, endurant et docile, bien adapté à son territoire de montagne avec son pas sûr, sa crinière abondante et ses fanons bien touffus, son histoire remonte à plusieurs siècles en arrière. La première mention écrite date de 1760 où il apparaît dans les registres des moines de l’abbaye de Léoncel, dans le Vercors drômois. Il était alors utilisé comme cheval à tout faire pour les petits travaux agricoles, le débardage, mais aussi le transport en attelage.
Tombé petit à petit dans l’oubli, il est sauvé une première fois dans les années 1900 par un fermier d’Ambel, Jules Barraquand (d’où ce nom de Barraquand), qui recrée un important troupeau.
En 1995, une poignée de passionnés se regroupent et relancent l’élevage, avec le soutien du parc naturel régional du Vercors, tout en veillant à préserver scrupuleusement son patrimoine génétique. Ces efforts seront récompensés en 2017 par la reconnaissance de la race par le ministère de l’Agriculture.
“Cela nous a tout de suite donné une visibilité plus importante”, poursuit Marion. Même si les effectifs sont encore faibles – 300 chevaux et juments environ recensés dans l’Hexagone –, le nombre des naissances est à la hausse comme celui des éleveurs.
Principalement installés en Isère, à Notre-Dame-de-l’Osier, Saint-Pierre-de-Bressieux ou encore à Chichilianne, tous participent activement à la sauvegarde de la race. Comme Céline Fandre, double active, qui a repris en 2022 la ferme familiale à Vaulnaveys-le-Bas, inexploitée depuis une génération.
“Une ferme n’a de sens que s’il y a de la vie. Passionnée de chevaux, c’est tout naturellement que je me suis intéressée au cheval du Vercors de Barraquand pour mon projet d’élevage. Un cheval de territoire, rustique et polyvalent, dont j’avais à cœur de perpétuer l’histoire.”
Avec de tels défenseurs et un potentiel encore largement sous-exploité, le Vercors de Barraquand est en passe de retrouver toute sa place dans l’écosystème équestre, qu’il s’agisse d’activités d’attelage, d’équitation de loisir et de compétition, voire de travail (maraîchage, viticulture…).
Plus d’infos : cheval-vercors-barraquand.fr
Repères
L’aide du Département
Dans le cadre de sa politique agricole, le Département de l’Isère apporte une aide financière à la filière équestre pour ses programmes d’action. Il soutient notamment le Syndicat d’élevage du cheval en Dauphiné et l’Association nationale cheval du Vercors de Barraquand pour des projets spécifiques.
Il finance par ailleurs l’achat de matériel dédié aux personnes handicapées et/ou les travaux d’accessibilité dans les centres équestres.