Ces artisans d’art qui restaurent notre patrimoine

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Florence Droin
  • Économie
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Sans les précieux savoir-faire hérités de leurs maîtres au fil des siècles, nos œuvres d’art, mobiliers, tapisseries et tout ce qui constitue notre patrimoine seraient en perdition.

Ils sont maîtres horlogers, ébénistes, restaurateurs de tableaux, de films anciens, luthiers, vitraillistes, peintres en décor, relieurs, canneurs-rempailleurs, mosaïstes, sertisseurs ou même accordeurs de piano… Des métiers ancestraux, parmi une liste à la Prévert de 281 savoir-faire recensés par l’Institut national des métiers d’art dans 16 domaines d’activité aussi variés que la décoration, l’enluminure ou la maçonnerie. 

Point commun de ces artisans d’art : la passion du patrimoine, le souci de perpétuation du travail bien fait, la transmission. C’est avec ce credo que quelques artisans d’art à Grenoble se regroupaient en 1988 sous le nom d’Usama (Union syndicale de métiers d’art) et créaient le salon Artisa. 

Depuis 2015, rebaptisée Artizz’, l’association, forte de 13 membres en Isère, continue d’œuvrer pour faire connaître ces métiers de passion, lors des Journées du patrimoine ou dans des expositions. “Pour candidater, nous n’exigeons pas de diplôme, certains d’entre nous sont autodidactes. Mais il faut avoir l’esprit de groupe et respecter une déontologie stricte”, explique Florence Droin, restauratrice de tableaux à l’atelier de l’Arno à Grenoble. 

Après six ans de formation à Lyon, à Paris et en Italie, Agathe Zanone, qui partage ses locaux, a rejoint le groupe il y a quatre ans en tant que restauratrice de cadres en bois doré. 

Artizz’ a également intégré un second maître verrier, le Breton Alan Le Métayer, qui a repris l’atelier Bessac à Grenoble il y a deux ans : “Christophe Berthier a décidé de céder cet atelier patrimonial pour se consacrer uniquement à la création. Nous ne sommes donc pas en concurrence. Avec cinq personnes, (et bientôt six), le maître vitrailliste ferait presque figure de grande entreprise : la plupart de ces artisans travaillent seuls. “Nos clients sont pour l’essentiel des associations ou des particuliers : les budgets ont tendance à se restreindre alors que nos prix de revient augmentent”, constate Florence.

 

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Sabrina Vétillard, restauratrice de sculptures à Grenoble.

 

Restaurer sans dénaturer

D’où l’intérêt de jouer collectif. Cette philosophie a motivé également la création de l’association Artisans d’art de l’Isère (AAI38), il y a deux ans : elle compte actuellement une vingtaine d’adhérents, dont six sont restaurateurs. 

“Nous avons plaisir à travailler ensemble, confirme Charline Vendittelli, restauratrice de tableaux et d’objets d’art. Récemment, nous avons travaillé à cinq sur un ensemble de fauteuils Directoire : Lionel Chardonnet, ébéniste, s’est chargé de la structure bois, moi-même de la dorure à la feuille d’or et de la patine de finition, Marie-Aude Latour de la réfection de la tapisserie, Koen D’Hiet a créé le motif textile et Catherine Mettetal a édité le tissu.” 

Pour pouvoir intervenir sur les collections publiques et le patrimoine protégé au titre des Monuments historiques, un diplôme d’État décerné par seulement quatre écoles en France est toutefois requis depuis 2002*. 

C’est le cas pour Sabrina Vétillard, restauratrice de sculptures à Grenoble, diplômée de l’école de Tours, qui vient de rejoindre l’association : “Le titre de conservateur-restaurateur n’est pas protégé, précise-t-elle. Mais l’habilitation permet de répondre à des appels d’offres publics. Je travaille souvent pour le Musée de Grenoble et les musées départementaux, par exemple. À la différence des artisans d’art, je ne crée rien : mon métier nécessite autant des connaissances en histoire de l’art qu’en chimie et dans les différents matériaux.”

Après une phase d’étude, Sabrina s’apprête à restaurer ainsi un plan-relief monumental des papeteries Bergès avec Catherine Gamby-Garrigos (atelier Couleurs et Toiles). Le travail ne manque pas ! 

 

* L’Institut national du patrimoine, le master de conservation-restauration des biens culturels de l’université Paris I, l’école supérieure d’art d’Avignon et l’école supérieure d’art et de design de Tours.
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Les artisants d'art en Isère

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