Vicat innove pour la décarbonation

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Cimenterie de Montalieu - Vicat
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L’entreprise iséroise innove pour réduire significativement son empreinte carbone. Au menu, l’utilisation de combustibles de substitution dans ses process de fabrication, des technologies de captation du CO2 et de production d’hydrogène, mais aussi des solutions bas carbone ou biosourcées.

Avec 60 % de son chiffre d’affaires réalisé à l’international et une présence dans douze pays, Vicat ne s’est pourtant pas éloigné de son Isère natale. 

Créé au Genevray de Vif en 1853 par Joseph Vicat – le fils de Louis, l’inventeur du ciment artificiel en 1817 –, le troisième cimentier français conserve dans le département un encrage solide : un tiers de ses salariés dans l’Hexagone, son siège social (rapatrié de Paris-La Défense à L’Isle-d’Abeau en 2020) et 34 sites. Visant la neutralité carbone d’ici à 2050, Vicat a engagé ses équipes de R&D sur plusieurs fronts. 

L’un des projets significatifs du groupe pour décarboner son activité, Hynovi, à Montalieu-Vercieu, devrait être d’ici à 2027 la vitrine de l’entreprise en matière de captation de CO2 et de production d’hydrogène. 

“Vicat va devenir producteur d’hydrogène en décarbonant ses produits et solutions”, expliquait l’an dernier Guy Sidos, son PDG. Ce projet, conçu avec l’aide d’Hynamics, une filiale d’EDF, “vise à produire 200 000 tonnes d’hydrogène par électrolyse”. Le méthanol ainsi créé devrait être utilisé par les véhicules du cimentier, mais aussi dans les transports maritime et aérien. 

 

Des partenariats tous azimuts 

Sur son site de Saint-Égrève, Vicat doit également installer d’ici à 2025 un électrolyseur à haute température – à deux pas de la station hydrogène du projet Zero Emission Valley qui entrera en service dans quelques mois sur le terrain de l’entreprise. 

Un équipement, conçu par Genvia et porté par le CEA, qui “augmentera de 30 % le rendement de conversion de l’électricité par kilogramme d’hydrogène produit, ramenant le coût de production d’hydrogène propre à un niveau concurrentiel par rapport aux autres sources d’énergies”, poursuit Guy Sidos.

Quant aux fours de l’entreprise, 100 % d’entre eux pourront accueillir en 2030 dans l’Hexagone des combustibles alternatifs, comme des déchets de récupération (encombrants, vieux meubles…), qui seront brûlés à 1 450 °C. 

Une tonne de ces rebuts permet d’éviter l’utilisation de 650 kilos de charbon et évite l’émission de 950 kilos de CO2, explique-t-on chez Bioval, la filiale de Vicat chargée de collecter et de « préparer » ces déchets.

Autre axe de la décarbonation de Vicat, les solutions. Ses chercheurs ont conçu un liant « carbo-négatif » et des blocs de béton à base de chanvre biosourcé et de ciment naturel Prompt. Ils ont également mis au point une imprimante 3D, Lithosys, qui permet d’optimiser la consommation de béton. “Les outils de conception assistée par ordinateur permettent de positionner le bon béton au bon endroit, explique Olivier Martinage, responsable de cette technologie. On ne coule que le matériau nécessaire, sans gaspillage comme la périphérie d’un pilier plutôt que l’intégralité de la pièce.”

Un produit dans l’air du temps, qui répond à la demande de solutions sur mesure des professionnels du BTP.

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Vicat en dates et en chiffres 

  • Création : 1853
  • Chiffre d’affaires (2022) : 3,6 milliards d’euros (dont 168 millions en Isère)
  • 800 clients isérois
  • 34 sites en Isère.
  • Effectif : 9 500 salariés (dont 3 500 personnes en France et 1 200 en Isère) • Implantation : L’Isle-d’Abeau
  • vicat.fr
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Carat, un liant qui stocke le CO2

Pour réduire ses émissions de CO2, Vicat a conçu Carat, un liant développé à base de biochar. Cette matière organique issue de résidus forestiers et agricoles, qui stocke le CO2, est intégrée au ciment. 

“Cette innovation permet de réduire la part de clinker, le principal composant du ciment. Son bilan carbone correspond à un niveau d’émissions nettes négatif, avec la réduction de près de 90 % de l’empreinte carbone par mètre cube de béton”, explique Guy Sidos, le PDG de Vicat (notre photo). 

Produit à Montalieu-Vercieu, Carat a été utilisé pour la première fois à grande échelle sur un chantier (un bâtiment de l’entreprise Léon Grosse, à Bron) et doit être commercialisé ce printemps.

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Atteindre en 2050 la neutralité carbone 

L’Isère a toujours été au cœur de l’innovation de Vicat. Le seul cimentier français indépendant et familial y a notamment exploité les qualités de certains ciments locaux, comme le Prompt, à la Pérelle, au pied de la Chartreuse, pour en faire un béton à prise rapide (qui servit notamment à la construction de l’emblématique Casamaures, à Saint-Martin-le-Vinoux, dans les années 1850), puis créé des usines historiques, celle Montalieu-Vercieu, dans le Nord-Isère. 

Aujourd’hui, c’est sur ses solutions de décarbonation que Vicat entend marquer le secteur. Le ciment – qui rappelons-le est un des ingrédients indispensables pour faire du béton, avec l’eau et le granulat – génère en effet 1,8 % des émissions de CO2 en France. 

La R&D de Vicat, à L’Isle-d’Abeau, travaille donc à décarboner ses produits et ses procédés industriels avec l’objectif d’atteindre en 2050 la neutralité carbone sur toute la chaîne de valeur.

 

©Agence85

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