Sports nature : des métiers qui font rêver

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Initiation à la via ferrata
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Accompagnateurs ou guides de haute montagne, moniteurs d’escalade ou de parapente, kayakistes, mushers, gardiens de refuge ou animateurs touristiques… nombreux et variés en Isère, ces métiers de passion exigent de multiples compétences. Mais sont de plus en plus recherchés.

Initiation à la via ferrata à l’Alpe du Grand Serre dans le cadre des Escapades sportives du Département.

 

“J’adore ma vie !” Comme beaucoup de professionnels des sports nature, Romain Brunet, 36 ans, a réussi à faire de sa passion un métier rémunérateur. 

Avec un master de physique en poche, après cinq ans à travailler dans l’informatique, cet habitant de Voreppe a décidé de changer de cap il y a six ans : à la suite d’une préparation à l’Association pour la formation des ruraux aux activités de tourisme (Afrat), à Autrans, il a obtenu le diplôme d’accompagnateur en moyenne montagne. 

Il s’est initié ensuite à l’art du conte et, tout récemment, aux massages tantriques… “Entre les balades contées, les sorties avec les scolaires dans les espaces naturels sensibles du Département, les séjours organisés dans les massifs environnants ou à l’étranger, je suis sur le terrain cent vingt jours par an. Cet été, je pars aux îles Lofoten, en Norvège, avec des clients.” 

Même reconversion réussie pour Yoann Voyer, 40 ans, natif du Vercors, qui a quitté le monde de l’extraction minière au Canada il y a cinq ans pour revenir au pays. Seul au départ, ce travailleur indépendant s’est associé avec deux autres accompagnateurs du plateau rencontrés à l’Afrat pour former le collectif Pied vert : 

“Quand nous avons démarré, tout le monde nous a prédit que l’on ne pourrait pas en vivre à l’année dans le Vercors. En fait, nous avons souvent besoin de renforts !” 

Après l’épidémie de Covid, qui a cloîtré tout le monde à la maison et fermé les stations de ski, le trio a su proposer des sorties ludiques répondant au fort besoin de reconnexion avec la nature : des escape games dans le parc du Vercors, des sorties sur les traces du loup, un challenge du feu à la Koh-Lanta en hiver…

 

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Des travailleurs indépendants très polyvalents

 Qu’il s’agisse d’encadrer les pratiquants en milieu terrestre, aquatique ou aérien, les métiers des sports de nature exigent bien sûr une condition physique et des compétences techniques éprouvées.

“Pour le diplôme de moniteur de ski alpin, seuls 10 % des candidats sont reçus aux tests probatoires. Celui d’accompagnateur en moyenne montagne, c’est 20 à 30 % de réussite”, prévient Sébastien Favier, responsable de formation aux métiers de la montagne à l’Afrat. 

Cette association bientôt sexagénaire, pionnière en France, reçoit aujourd’hui 400 stagiaires par an, dont 90 % originaires de la région : des candidats aux diplômes d’État de moniteur de ski, accompagnateur en moyenne montagne, moniteur d’escalade, gardien de refuge (formation désormais sanctionnée par un diplôme universitaire), animateur touristique… L’obtention du brevet d’État ou du diplôme n’est toutefois pas un gage de reconversion réussie : selon le Syndicat national des accompagnateurs en moyenne montagne, sur 4 000 professionnels enregistrés, ils ne sont que 70 % à en vivre à l’année, 50 % de façon saisonnière, et 20 % n’ont jamais exercé vraiment leur activité. 

“Avec le changement climatique, les saisons sont plus courtes, les aléas météo plus forts. La polyvalence et la pluriactivité ont toujours fait partie du métier, mais les exigences se sont accrues”, observe Sébastien Favier. 

La polyvalence, les gardiens de refuge – qui travaillent souvent en hiver comme pisteurs-secouristes en station – en savent quelque chose. Assurant accueil des touristes, gestion, cuisine, maçonnerie, portage, surveillance de la météo… ils sont “les couteaux suisses de la montagne !”.

Installés dans la vallée du Haut-Breda depuis dix ans, Céline Gavazza, professionnelle du tourisme, et Jochen Boggero, gardien, accompagnateur de moyenne montagne et moniteur de VTT, ont créé une agence de voyages afin de pouvoir proposer des courts séjours clés en main avec de multiples activités. 

Et de remplir ainsi leur gîte de la Martinette toute l’année : “L’ouverture du GR 38 nous a amené un gros flux de randonneurs, se réjouit Céline. Mais accueillir des groupes, c’est une grosse responsabilité. Nous sommes des chefs d’entreprise.” 

Pour rien au monde toutefois, cette passionnée de montagne ne renfilerait son tailleur pour revenir aux 35 heures. Et elle n’est visiblement pas la seule…

 

©G. Brous

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Les métiers des sports de nature en Isère

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