- Économie
Après des problèmes techniques et une crise sanitaire, le chantier du déploiement du réseau de fibre optique en Isère est reparti de plus belle.
Déployer un réseau de fibre optique sur toute l'Isère pour offrir à 450 000 foyers et entreprises une connexion à Internet ultra-rapide d’ici à 2025, c’est le défi du projet « Isère très haut débit », lancé par le Département fin 2016. Six ans plus tard, après des problèmes techniques et une crise sanitaire, le chantier est reparti de plus belle. Interview de Damien Michallet, vice-président du Département en charge de la stratégie numérique.
Isère Mag : À la fin de 2022, 200 000 Isérois, particuliers et PME, peuvent se raccorder au réseau public de fibre optique, soit 40 % de l’objectif final – au lieu des 70 % prévus à cette date. Pourquoi ce retard ?
Damien Michallet : Tout d’abord, précisons que le réseau structurant, construit sous maîtrise d’ouvrage du Département de l’Isère, a été livré dans les délais : soit 2 500 kilomètres de câbles souterrains et 110 bâtiments abritant les nœuds de raccordement. Il couvre les zones n’intéressant pas les opérateurs privés, soit 80 % du territoire isérois.
Le retard a été pris sur le déploiement de la fibre jusque chez les habitants, confié à notre délégataire SFR via sa filiale THD 38 : fin 2019, sur les 100 000 premières prises livrées, jusqu’à 90 % étaient défectueuses dans certains territoires ! Le Département a exigé une reprise en main intégrale.
I. M. : Pourquoi n’avoir pas cassé le contrat ?
D. M. : D’abord, SFR s’est engagé à reprendre la totalité des prises et à rattraper le calendrier. Ce qu’il a fait à ses frais. Et puis, rompre le contrat, c’était relancer une délégation de service public : soit au minimum dix-huit mois de procédure administrative.
Aujourd’hui, nous sommes repartis d’un bon pied avec 100 000 nouvelles prises livrées, dont 30 000 ont été auditées par nos propres équipes : nous avons ouvert les boîtiers un à un sur toute l’Isère et vérifié au laser que la lumière passait bien jusqu’au bout.
Cela nous a pris dix-huit mois. Résultat, les prises fonctionnent à plus de 95 % : un taux dans la norme pour cette technologie, la fibre étant fragile par nature – un câble de verre plus fin qu’un cheveu tiré sur des kilomètres.
I. M. : Finalement, quand l’objectif de connecter 100 % des Isérois sera-t-il tenu ?
D.M. : Nous prévoyons de l’atteindre à la mi-2025 : cela fera six mois de retard. Sachant que nous avons eu entre-temps une crise sanitaire !
Rappelons au passage que huit ans, c’est très court pour un tel chantier : France Télécom a mis plus de trente ans à construire le réseau de cuivre téléphonique ADSL, désormais obsolète. Il sera d’ailleurs abandonné plus vite que prévu : en région parisienne, l’opérateur Orange a déjà commencé à le fermer. L’avenir, c’est bien la fibre. Nous ne regrettons pas ce choix technologique.
©A.Marcus
Repères
Qui contacter en cas de problème ?
- Si la connexion ne fonctionne pas : le fournisseur d’accès à Internet (SFR, Orange, Bouygues ou Free).
- Pour déclarer un dommage sur le réseau ou signaler une nouvelle construction : THD 38 via internet iserefibre.fr
Pour ceux qui ne sont pas raccordables tout de suite :
Le Département propose une connexion radio à très haut débit à 30 mégabits/seconde (moins que la fibre, mais bien plus que l’ADSL) : en Isère, 67 000 bâtiments y sont éligibles.
Quand les autres solutions sont indisponibles, le Département peut aider, avec la Région et l’État, à se connecter grâce au satellite.
©A.Marcus