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Ayant fêté ses 150 ans en 2022, le fabricant de sirops et de liqueurs Bigallet garde précieusement un côté artisanal tout en continuant d’investir dans des équipements de pointe sur son site de Val-de-Virieu. Une approche mixte en phase avec les attentes des consommateurs.
Ils sont si familiers qu’on a parfois du mal à savoir pourquoi ! Autrefois vendus principalement aux professionnels, les sirops et alcools Bigallet étaient servis avant tout dans les bars et les restaurants de la région. La marque, créée à Lyon en 1872 puis installée en 1885 à Val-de-Virieu (anciennement Virieu-sur-Bourbre) vient de fêter ses 150 ans.
Elle compte aujourd’hui 3 500 clients, fortement attachés aux valeurs de la société. “Nous sommes une entreprise 100 % familiale, comme le sont la plupart de nos clients, ce qui les rassure, constate Olivier Giffard, le directeur de Bigallet. Nous avons su bâtir une solide relation de proximité avec ces commerces, notamment grâce à notre propre service de livraison.”
Olivier Giffard, directeur de Bigallet.
Jouant la carte de la tradition, l’entreprise, qui vend également dans les épiceries fines et les jardineries, peut compter sur cette passion très française du sirop, un produit à la fois « traditionnel et diablement moderne », écolo – les bouteilles permettent de produire neuf fois plus de boisson qu’elles ne contiennent de sirop – et économique.
“Les gens en achètent à leurs enfants comme leurs grands-mères leur en achetaient jadis, note Olivier Giffard. Ça véhicule des souvenirs !”
Avec des recettes quasi inchangées depuis celles du créateur Félix Bigallet, le côté artisanal est lui aussi très prisé : « cirage » manuel des bouteilles, « zestage » manuel des citrons, comme pour la célèbre Citronade (avec un seul n), qui a fait le succès de l’entreprise au siècle dernier, ou le limoncello maison. Ce qui n’empêche pas Bigallet d’investir régulièrement dans la modernisation de ses équipements.
Zestage manuel des citrons.
Un savant dosage d’artisanat et d’industrie
En 2022, l’entreprise a ainsi inauguré une nouvelle salle pour l’extraction des fruits et des plantes, un nouveau pasteurisateur, après l’équipement il y a trois ans, d’une nouvelle unité automatisée de fonte de sucre. Et elle devrait sous peu lancer une nouvelle ligne d’embouteillage pour un suivi qualité plus efficace.
Ce savant dosage d’artisanat et d’industrie a aussi poussé Bigallet à revoir la « modernité » d’antan : “Il y a trente ans, on utilisait encore quelques colorants artificiels. On les a supprimés depuis, poursuit Olivier Giffard. Les sirops ne sont colorés qu’avec des fruits et des plantes, sauf pour une petite gamme de sirops spécial cocktails qui nécessite des couleurs vives, et répondent à un marché en croissance.”
Cette approche environnementale est aussi à l’œuvre pour l’approvisionnement. Le bio, qui concerne 10 % des produits de Bigallet, plafonne actuellement en raison notamment de la crise économique, mais le fabricant continue à accorder la priorité au local. Et si le sucre n’est pas cultivé en Isère, il reste hexagonal car issu des betteraves du nord de la France, “ce qui évite d’en importer du Brésil, issu de la canne”.
La part des fruits et plantes provenant de l’Hexagone est en constante augmentation et certaines variétés, comme les cassis, châtaignes, myrtilles, verveine, hysope et fleur de sureau, sont même produites en Auvergne-Rhône-Alpes. Une démarche qui s’inscrit dans la politique RSE de Bigallet depuis cinq ans).
©N. Bouchut
Repères
Bigallet en dates et en chiffres
- Création : 1872
- Chiffre d’affaires : 10 millions d’euros (2021)
- 2,4 millions de bouteilles produites (dont 2 millions de sirops)
- 58 parfums
- Effectif : 37 salariés
- Implantation : Val-de-Virieu
- bigallet.fr
Zoom
Des liqueurs qui éveillent le sens
Dans un marché des alcools plutôt stable, celui des liqueurs repart chez Bigallet, avec notamment le succès de son génépi et de sa liqueur de verveine.
Pour Olivier Giffard, “les clients veulent savoir d’où vient et comment a été élaborée la boisson. Notre nouveau Gin bio S représente le type de produits qu’on veut créer : naturels et avec des origines proches”.
Les baies de genièvre sont en effet récoltées dans notre région par des cueilleurs professionnels, avec un prix d’achat leur garantissant un salaire décent. Dans le sillage du gin, une liqueur bio de vulnéraire de Chartreuse et une autre à base de fleurs de sureau devraient voir le jour prochainement.