Vienne : ville antique et musicale

Adossé aux pentes abruptes de la colline de Pipet, le théâtre antique de Vienne construit au 1^er siècle après J.C a nécessité un travail de titans.

« Une tapisserie humaine, un mur d’exaltation ». C’est ainsi que le chanteur Claude Nougaro définissait le théâtre antique de Vienne, où il est venu jouer plusieurs fois. 

Miles Davis, Michel Petrucciani, Ella Fitzgerald, Sonny Rollins, Lionel Hampton, Dee Dee Bridgewater, Herbie Hancock, Chet Baker… Tous les monstres sacrés du jazz se sont produits sur cette scène à l’occasion du festival, depuis plus de quarante ans. La magie du lieu est liée au génie des architectes romains qui l’ont édifié il y a près de deux mille ans. 

Adossé aux pentes abruptes de la colline de Pipet, le théâtre antique, d’une capacité de 13 000 places, figurait parmi l’un des plus grands de la Gaule romaine. Sa construction constitua aussi l’un des plus gros chantiers urbains de l’époque : un travail de titans ! Outre l’ancrage sur le rocher qui nécessita des aménagements colossaux, des galeries voûtées furent créées pour réaliser l’appui des quarante-deux gradins en pierres et permettre aux spectateurs de circuler. Le système fonctionne encore aujourd’hui. 

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Tous les monstres sacrés du jazz ont joué ici. 

Un monument exceptionnel 

Imaginez : face au public, le mur de scène, rythmé par un décor de colonnes et de statues s’élevait jusqu’à trente-deux mètres de haut ! 

La grandeur du monument en dit long sur la richesse de la ville, alors capitale des Allobroges, un territoire de 14 000 km² comprenant une grande partie de l’Isère et des deux Savoie. Située sur la rive gauche du Rhône, la cité était aussi un axe stratégique commercial et militaire majeur, d’où arrivaient et partaient des marchandises et des troupes en direction de tout l’Empire romain. 

À cette époque, les tragédies, comédies et pantomimes - des spectacles où l’artiste s’exprime uniquement par les gestes - passionnaient les foules et jouaient un rôle politique important. Des fêtes gigantesques, qui duraient des journées entières, étaient données dans toute la ville par les notables locaux soucieux d’assoir leur notoriété. Le richissime sénateur d’origine viennoise, Decimus Valierus Asiaticus, disposait de sa propre troupe d’acteurs, les Scaenici Asiaticiani. 

À chaque fois, le théâtre antique s’animait. De part et d’autre se trouvaient des édifices hérités du monde grec : au nord-est, le stade où se déroulaient courses et combats et au sud, l’Odéon, où étaient clamés des chants et poèmes raffinés. Encore plus au sud, un cirque pouvait accueillir 15 000 à 20 000 spectateurs pour les courses de chars. En son centre trônait un obélisque, seul vestige encore visible aujourd’hui. 

Mais cette période festive ne durera pas. À partir du IVe siècle, l’Église exige des empereurs qu’ils abolissent les divertissements, symboles des cultes païens. Le théâtre antique tombera alors dans l’oubli, jusqu’à sa redécouverte au XX^e siècle. Il sera inauguré le 30 juillet 1938 par le président de la République, Albert Lebrun en présence de la cantatrice Ninon Vallin, qui chantera La Damnation de Faut de Berlioz pour l’occasion.

Pour aller plus loin : vienne-condrieu.com

©Arthur Viguie