Bertet Musique : dans le ventre de l’orchestre à Gières

À droite, une trentaine de pianos étincelants de tout style, droits ou à queue, attendent sagement leur heure. En face, alignées aux murs, les clarinettes, trompettes, flûtes piccolo ou traversières font de l’œil aux visiteurs, bois et chromes flambant neufs. 

Pour trouver celui ou celle avec lequel il fera corps, l’instrumentiste averti ou novice pourra descendre au sous-sol dans l’un des quatre mini studios aménagés à cet effet et le faire sonner en toute intimité. « Chaque instrument a sa propre voix, sa personnalité. Il faut prendre le temps de l’essayer », recommande Benoît Bertet en caressant amoureusement le clavier d’un Gaveau centenaire, toutes entrailles ouvertes.

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Tout pour la musique 

Remettre en état la table d’harmonie, vernir le bois d’épicéa, réparer les marteaux, les régler sur chacune des cordes (trois par note, 230 en tout) : à l’oreille et avec les yeux, Solène effectue un travail de patience et de précision sur le vénérable piano, à l’écart de l’animation qui règne à l’étage au-dessus. 

Au sein de l’atelier de réparation des instruments à vent, l’activité bat également son plein. Un éclat de bois à réparer par ici, une clé à redresser par-là, un do dièse qui siffle : certains soins relèvent de l’urgence, quand l’accident survient à la veille du concert. 

Pour d’autres, il s’agit de l’indispensable révision périodique annuelle. « Nous fidélisons par le service et le conseil. Certains viennent parfois de loin car ils savent que nous trouverons toujours une solution », sourit Benoît. En trente-six ans, le petit magasin de musique créé à l’entrée de Gières, longtemps adossé à une mini-salle de concert, est devenu une ruche de huit salariés : une institution dans la région. 

Né dans une famille de musiciens, Benoît - qui joue lui-même de la clarinette depuis l’âge de sept ans -, a trouvé sa vocation sur un catalogue de l’Onisep, à l’adolescence : « Je n’étais pas assez doué pour vivre de ma musique. C’est là que j’ai découvert cette formation en alternance d’accordeur de pianos et réparateur de l’Itemm (Institut technologique européen des métiers de la musique) au Mans. 

L’école venait de se créer en 1980, avant on se formait sur le tas ! » Jean Rambaud, 74 ans, l’a pris en apprentissage dans son petit atelier de réparation de pianos grenoblois. « J’ai tout de suite adoré ! » 

À son décès en 1985, le père de Benoît rachète son fonds de commerce et rapatrie les pianos dans la cave de la maison familiale à Gières. La société Bertet Musique est créée avec un prêt de 50 000 francs.

Entre-temps, le jeune homme poursuit sa formation chez Buffet-Crampon puis chez Selmer à Mantes-la-Jolie – deux fabriques mythiques d’instruments à vent, qu’il distribue aujourd’hui. 

Quelques décennies plus tard, Benoît est toujours animé par la même passion. Il a aussi le virus de l’innovation : son « Moonlight », un petit dispositif de désinfection express et efficace des clarinettes et autres instruments à bec (en vente au magasin), mis au point par une équipe et un ami saxophoniste et un clarinettiste isérois, a obtenu la médaille d’or du concours Lépine en 2021 !