- Économie
Au sortir de la pandémie, les fabricants d’équipements de sport de nature retrouvent la forme en misant à fond sur la carte du « produit ici » et de l’écoconception.
“Une veste légère pour contempler le ciel bleu azur. […] Un VTT pour prendre la route. […] Un sac à dos pour s’échapper sur les sentiers. […] Un polo pour se prélasser à la terrasse d’un café…” Difficile de reconnaître le numéro un mondial des sports d’hiver derrière cette communication. Elle traduit bien la mutation en cours chez Rossignol.
Après une saison 2020-2021 sans remontées mécaniques, le groupe né et basé dans le Pays voironnais a repris des couleurs en 2022 (avec un chiffre d’affaires en hausse de 28 %, à 310 millions d’euros) : “Le ski et les sports d’hiver restent notre ADN et notre cœur de métier, mais nous avons décidé d’accélérer dans l’outdoor”, affirme son porte-parole, Yann Laphin.
Tout à la fois polyvalents et stylés avec leurs matières techniques et leur design original, les vêtements et chaussures multisports de la marque au coq s’affichent en montagne comme à la ville aux quatre saisons. Le groupe, qui avait racheté puis revendu plusieurs marques de vélo (dont l’isérois Time), repart aussi à fond dans le VTT (électrique et pas) avec sa propre gamme maison, disponible en ligne sur son site et chez les loueurs.
En parallèle, le champion du ski alpin prépare une saison d’hiver tout schuss : après plusieurs années de développement et en partenariat avec l’isérois MTB, il annonce pour octobre le premier ski recyclable (à 75 %), produit dans les Alpes, à Sallanches.
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Mêmes tendances au vert et au « fabriqué ici » pour son ancienne filiale RaidLight/Vertical, basée à Saint-Pierre-de-Chartreuse. La marque fondée en 1999 par Benoît Laval, qui a repris son indépendance en 2020, a perdu 40 % de son chiffre d’affaires (4,5 millions d’euros) avec la pandémie.
Forte d’une centaine de références dans les vêtements et le matériel d’outdoor, la PME mise sur un rapatriement progressif de la confection dans son nouvel atelier chartrousin et sur une gamme écoconçue, intégrant 80 % de fibres recyclées.“L’atelier emploie aujourd’hui sept salariés sur 38 : l’objectif est de monter à 30 personnes dans les deux ans avec 20 % de la production, annonce son PDG. Le partenariat signé avec Go Sport pour notre marque Vertical va par ailleurs nous permettre de multiplier nos volumes par quatre et de réduire les coûts logistiques.”
Une priorité : réduire l’empreinte carbone
Dans une industrie étroitement liée à son environnement naturel, la réduction de l’empreinte carbone et la responsabilité sociétale deviennent des arguments de poids pour les consommateurs. Petzl, à Crolles, qui compte 10 millions d’utilisateurs de ses équipements de protection individuelle dans le monde (lampes frontales, bloqueurs, descendeurs…), s’engage à diviser son impact par deux d’ici à 2030.“On ne perd pas de vue la sécurité de nos équipements. Mais nous devons construire un futur soutenable pour la planète”, revendique Sébastien Petzl, directeur responsabilité sociétale et environnementale (RSE) de la société familiale.
Des produits durables, garantis à vie, fabriqués à 100 % à la main au pied du Vercors : c’est avec ce credo que G-Tech – connu des marcheurs et traileurs pour ses bâtons télescopiques ultra-légers sous la marque Guidetti –, à Fontaine, fait son bonhomme de chemin depuis 1994. “Nous avons une personne à plein-temps au service après-vente”, précise Aurélie Joubin, la responsable marketing de l’entreprise. Les bâtons de marche étant désormais interdits sur certains sentiers de randonnée très fréquentés, en Bretagne par exemple, la société a développé des bouchons de protection pour les sols fragiles. Et joue à fond la carte des emballages 100 % recyclables – y compris pour sa gamme de nutrition Authentic.
Arnaud Ballu, créateur de Skibrid, à Biviers, s’inscrit dans cette démarche écoresponsable avec son nouvel engin de glisse : une planche entre surf et monoski munie d’un cadre et d’un guidon de VTT, qui permet de « rider » sur la neige en gardant les pieds libres.“Nous récupérons des skis neufs invendus de grandes marques de ski françaises pour les adapter à notre système. Nous sommes dépendants de l’industrie du vélo pour les cadres. Sinon, tout est fait en interne dans notre atelier de Saint-Martin-d’Hères.”