MTB fait renaître les matériaux

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Créée en 1981, l’entreprise, d’abord spécialisée dans le traitement des câbles de cuivre, recycle désormais une grande variété de matériaux. Un savoir-faire indissociable de son autre activité : la fabrication de machines de recyclage. Un modèle économique unique dans le secteur.

“Aujourd’hui, on jette beaucoup trop et sans se soucier de la matière première. Il faut lui redonner toute sa place.” À Saint-Chef et à Trept, Jean-Philippe Fusier, qui dirige la société MTB – pour Machines de Triage et de Broyage –, a pris cette mission à bras-le-corps en développant des solutions innovantes pour recycler le plus grand nombre de matériaux.

L’entreprise, spécialisée à sa création dans le recyclage des câbles électriques, a d’ailleurs rendu le process moins archaïque. Auparavant brûlés pour récupérer le cuivre, les câbles sont désormais « broyés », puis séparés afin que les matériaux (cuivre, plastique…) soient proprement recyclés.“Nous traitons 30 000 tonnes de cuivre et d’acier par an, vendues sous forme de grenaille à des entreprises ou à des courtiers en matériaux, poursuit Jean-Philippe Fusier. Cela représente encore 30 à 40 % de notre activité”.

En parallèle, MTB s’est fait une réputation dans le recyclage d’autres matériaux comme l’aluminium haute qualité qu’il revend à des fonderies européennes, le caoutchouc des pneus qu’il a su séparer du textile et de l’acier ou encore les déchets industriels banals transformés en granulat et utilisés notamment par la cimenterie Vicat de Montalieu-Vercieu comme « combustible » local en lieu et place du charbon.

 

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Recycler, fabriquer, conseiller…

“Recycleurs, nous sommes la seule entreprise mondiale du secteur à fabriquer aussi des machines de recyclage”, développe Jean-Philippe Fusier, distingué en 2021 comme la « personne la plus inspirante du monde du recyclage » par le magazine Recycling International. Avec plusieurs dizaines de références à son catalogue, MTB peut traiter un nombre grandissant de produits, des câbles aux radiateurs, en passant par les filtres à huile, les ordinateurs, les déchets infectieux et même les skis !

Une équipe dédiée à l’écoconception a ainsi travaillé pendant deux ans avec Rossignol pour développer des skis dont on pourra recycler chaque élément. “Les industriels ont des demandes très spécifiques. On les accompagne dans la recherche de solutions de recyclage, de valorisation et in fine d’éco-conception.”

Pour ce faire, l’entreprise a réalisé 50 millions d’euros d’investissements en recherche et développement en dix ans, grâce auxquels elle ne produit plus aucun déchet plastique ou ferreux. Depuis 2020, le site de Trept a aussi été repensé pour que tous les déchets reçus puissent être recyclés.

Une démarche non seulement économique, mais aussi environnementale en adéquation avec le plan Mission 2025 de MTB qui souhaite faire de ses bâtiments des modèles d’éco-performance. Et pour que la boucle vertueuse soit bouclée, si 80 % des ventes de la société se font à l’international (aux États-Unis surtout, où huit machines de recyclage sur dix vendues sont des MTB), 80 % des achats de l’entreprise sont locaux, auprès de partenaires comme CI2M (à Rochetoirin) pour la chaudronnerie, LT2Z (à La Côte-Saint-André) pour les conteneurs, ou pour l’électricité G3S (à Beauvoir-de-Marc), EICD et Ecame Services (à Saint-Chef).

“Ce fut très utile lors du Covid, précise Jean-Philippe Fusier, qui avait par ailleurs cessé en 2011 d’exporter du plastique vers la Chine pour des raisons sociales et environnementales. Un manque à gagner de 1 million d’euros, mais on était fiers d’être raccord avec nos valeurs.”

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Repères

  • Création : 1981
  • Effectifs : 200 personnes
  • Chiffre d’affaires : 100 millions d’euros
  • Implantations : Saint-Chef, Trept
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Jean-Philippe Fusier dirige la société MTB.

 

En pointe sur le recyclage des batteries

Alors que jusqu’à présent seuls 8% d’une batterie de voiture électrique étaient recyclés, les équipes de MTB arrivent désormais à en transformer 94% ! Pas uniquement du cuivre puisque l’on obtient aussi de la black mass, de l’aluminium, de l’Inox, du fer et du plastique, prêts à être réutilisés.

“Avec le boom des véhicules électriques, le gros des batteries sera à recycler dans quinze ans environ, estime Jean-Philippe Fusier. D’ici là nous devrions être bien occupés par les chutes de productions dans les 30 gigafactories de batteries qui vont sortir de terre !”

Sans compter que l’électromobilité devrait décupler d’ici cinq ans les besoins en cuivre, dont le recyclage est la spécialité de l’entreprise.

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