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Verkor va produire en 2022, à Grenoble, ses premières batteries bas carbone. Misant sur le recyclage et l’optimisation des procédés pour limiter le gaspillage, la start-up veut aller vite pour faire face à la demande des constructeurs automobiles.
Comme une charge rapide, Verkor prépare à la vitesse grand V son entrée sur le marché.
Avant l’ouverture, en 2024, d’une gigafactory, la start-up, créée il y a un an à peine, ouvrira l’an prochain à Grenoble son Verkor Innovation Center (VIC), vitrine de ses technologies de fabrication de batteries bas carbone pour véhicules premium, limitant le taux de rebuts, aujourd’hui très important.
Ce centre de recherche et développement (R&D), de formation et de production devrait à terme bousculer le marché. “Les batteries, c’est une industrie traditionnelle assez lente, explique Benoît Lemaignan, le président du directoire et l’un des six cofondateurs de Verkor. Or la croissance du marché des véhicules électriques est telle que les constructeurs automobiles peinent à en trouver.”
Audacieuse, l’entreprise de la presqu’île scientifique grenobloise a déjà levé pas moins de 100 millions d’euros grâce à des partenariats avec Renault – qui fera du VIC son centre de R&D et de formation pour les batteries de ses véhicules –, mais aussi avec des géants de l’électrochimie, de l’informatique et de l’énergie, comme Schneider, InnoEnergie, Capgemini, Arkema et Tokai Cobex, qui ont vite saisi ce potentiel de développement.
“Et comme la nécessité de passer aux véhicules électriques fait consensus, poursuit Benoît Lemaignan, nous bénéficions de très bons relais institutionnels avec les pouvoirs publics, comme le Département de l’Isère”, lesquels voient d’un bon œil la structuration d’une nouvelle filière nationale.
Le Verkor Innovation Center (VIC) ouvrira en 2022 à Grenoble.
Un recrutement haut de gamme
Pour atteindre l’an prochain une capacité de production de 150 MWh avec une équipe de 200 collaborateurs, Verkor a déjà recruté de véritables « stars » de la batterie, “rassemblant 400 ans d’expérience sur le sujet !”, mais aussi des « juniors » issus de l’écosystème grenoblois de l’électrochimie – “exceptionnel et opérationnel”, d’après Benoît Lemaignan – qui travaillent en binôme.
Et une fois le VIC opérationnel, les recrues viendront se former, aux côtés des salariés de Renault, aux nouveaux process de production et aux outils logiciels. “Pour que la fabrication soit performante, il est important d’avoir une architecture digitale gérant toutes les données et permettant de croiser chaque paramètre, car si l’un d’eux bouge, cela peut affecter toute la batterie”, explique Christophe Mille, cofondateur et directeur technique de Verkor.
Nous prenons aussi en compte les données des équipements de production (température des fours, vitesse de défilement…) grâce à des analyses utilisant l’intelligence artificielle pour pouvoir réagir en temps réel en cas de déviation process et éviter les rebuts ou les produits non conformes.”
Et le spécialiste international du secteur, originaire de Villard-de-Lans, ayant officié chez Tesla, Apple et BMW, d’ajouter : “Le recyclage automatisé des rebuts permettra de les réinjecter dans le circuit de production.”
Enfin, pour boucler la boucle d’une industrie moins polluante, Verkor déclare travailler avec des matériaux dont l’extraction est le moins énergivore possible, comme le graphite, issu de mines européennes, et met en avant le mix énergétique français, principalement à base d’électricité nucléaire, donc décarboné, qui fera tourner ses usines.
© Idec Group
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Une gigafactory en 2024
Le Verkor Innovation Center, qui ouvre en 2022 à Grenoble, sera l’antichambre d’un projet industriel colossal, la construction en France (le choix du site n’est pas arrêté) d’une immense usine (50 hectares environ) de batteries d’ici à trois ans.
Cette gigafactory emploiera 1 200 personnes et devrait produire 16 GWh de cellules lithium ion par an, soit environ 300 000 batteries pour voitures électriques.
Selon Christophe Mille, le directeur technique de Verkor, “la production pourrait même atteindre 50 GWh en 2030, avec des batteries destinées à d’autres véhicules électriques, camions, scooters, avions, et au stockage stationnaire, comme les data centers”.