Sur le chemin des bâtisseurs de pisé

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L’Isère est l’un des départements français qui possèdent le plus de constructions en pisé. De Vignieu à Villefontaire, un itinéraire touristique nous révèle les charmes de cette technique ancestrale, entre fermes, moulins, maisons de maître et bâtiments contemporains.

Pour les édifices liés à l’exploitation agricole, fermes, granges, pigeonniers, moulins comme pour les maisons, le pisé constitue le matériau de prédilection du Bas-Dauphiné.

À 20 centimètres sous terre, un agglomérat typique des sols glaciaires, composé d’un peu d’argile et de limons, riche en sables et en graviers, a favorisé ce mode de construction connu depuis l’Antiquité et encore utilisé au Mexique, en Afrique, au Moyen-Orient.

Dans ce territoire du nord de l’Isère, la plupart des bâtisses encore visibles datent du XVIIIe au début du XXe siècle, la technique ayant ensuite été abandonnée au profit du mâchefer et du béton. Il y a une quinzaine d’années, l’association Isère, Porte des Alpes, en collaboration avec CRAterre (voir encadré), a créé un circuit de 15 étapes pour redorer le blason de ce type de bâti.

 

Quinze étapes pour découvrir le pisé

L’itinéraire démarre à Vignieu, puis traverse les villages de Saint-Chef, Montcarra, Saint-Savin et Ruy-Montceau. Tout au long, des fermes, des fours à pain, des murs, mais aussi de belles demeures nous montrent les infinies possibilités architecturales du pisé.

À Saint-Agnin-sur-Bion, face à l’auberge « Aux berges du Bion », un moulin confirme que la terre, bien protégée, peut parfaitement cohabiter avec l’eau. Ici, en Pays saint-jeannais, les soubassements sont réalisés en galets roulés. Leur disposition, dite en arête de poisson, sur des rangées alternées de lits de tuiles permet d’absorber l’humidité.

À proximité, l’église de Meyrieu-les-Étangs est, elle aussi, parée de ce revêtement qui confère aux bâtiments un cachet si particulier. La visite se poursuit jusqu’à Saint-Jean-de-Bournay, où subsistent les vestiges d’un four à tuiles – en activité jusqu’au début du XXe siècle. Les briques rouges, qui servaient à renforcer les ouvertures des murs en pisé, étaient cuites sur place.

Autre point fort du circuit, Artas où a été réhabilitée la grange Chevrotière, qui abrite aujourd’hui un écomusée. On y apprend que les constructions en pisé étaient réalisées par différents corps de métier et mobilisaient l’ensemble de la famille ainsi que tous les membres de la communauté. Le chantier avait lieu au printemps quand la terre était en sève, ni trop sèche, ni trop humide.

 

La modernité de la terre crue

Dans les années 1980, sous l’impulsion de Jean Dethier, architecte-conseil auprès du Centre Beaubourg à Paris, le maire de Villefontaine a souhaité remettre au goût du jour ce type d’habitation en créant le Domaine de la terre.

Constitué de 70 logements, ce quartier, unique en France, est un autre point fort de la visite. Trente ans après avoir été bâti, il apporte la preuve qu’il est possible d’édifier à moindre coût des bâtiments en terre avec une faible consommation énergétique et un vrai confort thermique.

À voir aussi, la Maison pour tous de Four, autre exemple de la modernité de ce matériau naturel aux nombreuses propriétés écologiques.

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CRAterre : un laboratoire de recherche sur la terre crue

Créée en 1979 par des enseignants de l’École d’architecture de Grenoble, l’association CRAterre (Centre international de la construction en terre) rassemble une trentaine de chercheurs qui travaillent autour de la promotion de l’architecture en terre en France et à travers le monde.

Elle apportera son expertise dans l’élaboration d’un inventaire et d’un diagnostic sur le bâti en pisé dans le territoire de la Capi.

craterre.org

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