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La pépite énergétique fondée en 2015 à Meylan continue sa percée dans le monde de l’économie circulaire. Le biométhane qu’elle produit à partir des déchets enfouis sous terre s’introduit dans de plus en plus de réseaux de gaz naturel, y compris à l’international.
Nicolas Paget, Guénaël Prince et Mathieu Lefebvre de Waga Energy
Alimenter en gaz, issu de déchets, 20 000 foyers de Seine-et-Marne avec une unité d’épuration grande comme deux terrains de tennis seulement. Un tel projet, signé en octobre dernier avec le géant Veolia pour son centre de stockage de Claye-Souilly, a fait changer de braquet Waga Energy, spécialiste isérois de la valorisation des gaz de décharge.
Sa Wagabox, qui y produira dès février 2022 du biométhane, permettra d’éviter l’émission de 25 000 tonnes de CO2 par an dans l’atmosphère – en substituant le gaz naturel fossile par du gaz renouvelable. Les dix unités de Waga Energy en exploitation en France depuis 2017 alimentent déjà 35 000 foyers et évitent 45 000 tonnes d’émissions de CO2. “En France, environ 30 % des déchets sont enfouis, explique le PDG de l’entreprise, Mathieu Lefebvre. Sans oxygène, la matière organique se dégrade et produit du méthane, un puissant gaz à effet de serre, sauf s’il est capté pour être valorisé en substitut du gaz fossile, ce que nous faisons avec nos Wagabox.”
Le concept, combinant filtration par membrane et distillation cryogénique, a été imaginé par un trio d’amis ingénieurs issus d’Air liquide, à Sassenage, Mathieu Lefebvre, Nicolas Paget et Guénaël Prince, qui ont créé Waga Energy en 2015. Issue du Tarmac, l’incubateur de start-up d’Inovallée, l’entreprise a dû déménager l’an dernier à quelques encablures pour faire face au doublement de ses effectifs et à l’accélération de son développement : “Nous prévoyons d’embaucher entre 20 et 30 techniciens et ingénieurs cette année, par le biais des grandes écoles grenobloises et du lycée de Vizille, qui a ouvert un BTS sur ce type de technologie”, ajoute Mathieu Lefebvre.
80 % des déchets dans le monde sont enfouis
Dans le cadre de contrats long terme avec les exploitants de site d’enfouissement pour la fourniture du biogaz, Waga Energy finance, construit et exploite ses unités pour générer des revenus en revendant le biométhane aux énergéticiens.
Un système gagnant-gagnant, qui fait de la pépite iséroise – l’entreprise a reçu en 2016 le Grand prix de la lutte contre le changement climatique – un acteur attractif pour nombre d’exploitants en France et à l’international. Waga Energy a ainsi investi plus de 30 millions d’euros dans ses projets de gaz renouvelable depuis sa création. “Nous recevons des sollicitations de la planète entière, s’enthousiasme Mathieu Lefebvre, car 80 % des déchets dans le monde sont enfouis, cela laisse augurer un fort développement.”
L’entreprise a ouvert deux filiales à l’étranger, dont une aux États-Unis (avec leurs 2 500 sites d’enfouissement de déchets), et étudie de nombreuses opportunités en Europe.
Elle vient d’ailleurs de signer son premier contrat espagnol pour produire dès 2022 du biométhane sur la décharge de Can Mata, près de Barcelone – 70 GWh de gaz produit par an, la consommation énergétique annuelle de 14 000 foyers –, et l’un des premiers contrats d’achat d’énergie à long terme en Europe pour le gaz renouvelable. Preuve qu’il peut aussi, comme l’électricité verte, proposer un prix d’achat attractif à ses clients.
Waga Energy en chiffres
- Création : 2015
- Effectifs : 60
- Implantations : Meylan (siège), Paris, Philadelphie, Shawinigan (Québec)
- Nombre d’unités en fonctionnement : 10 (+ 3 en construction)
- Chiffre d’affaires 2019 : 11,2 millions d’euros.
Zoom
Valoriser les énergies en Isère
“Nous étions bien décidés à agir ensemble contre le réchauffement climatique.” Pour Mathieu Lefebvre et les deux autres cofondateurs de Waga Energy, le développement de la technologie Wagabox s’inscrit dans une démarche environnementale globale.
Son réseau de sous-traitants est à 80 % rhônalpin et surtout isérois, “car c’est une véritable terre d’innovation de l’énergie”. Waga Energy travaille ainsi avec une myriade de partenaires, tels Ravanat (chaudronnerie de précision, éléments de cryogénie), à Saint-Jean-de-Moirans, ou CIC Orio (rails de tuyauterie), à Champ-sur-Drac.
Et rêve de pouvoir créer à Grenoble un centre d’excellence sur les gaz énergétiques renouvelables, sur le modèle de ce qui est en cours de création au Québec. “C’est notre prochaine houille blanche !”