- Découvertes
Si des expositions, défilés et colloques sont organisés à Paris, Ajaccio ou sur l’Ile de Sainte-Hélène pour commémorer le bicentenaire de la mort de Napoléon, en Isère, les musées de la Révolution française et Berlioz, l’Agence iséroise de diffusion artistique et le Fond Glénat ont aussi concocté…
Le 5 mai 1821, Napoléon Bonaparte s’éteint sur l’île de Sainte-Hélène à l’âge de 51 ans. À son chevet, ses geôliers britanniques bien sûr, quelques fidèles également mais aussi, on le sait moins, un Isérois, Claude Marin Henri de Montchenu, seigneur de Thodure, chargé par le roi Louis XVIII de surveiller l’empereur au cas où il s’échapperait de son lieu d’exil comme il l’a déjà fait sept ans plus tôt.
En effet, après son abdication le 12 avril 1814, Napoléon est conduit dans la petite île toscane d’Elbe où il se morfond. Le 26 février 1815, il tente un coup de poker et embarque avec 1 200 hommes pour reprendre le pouvoir, direction : Golfe-Juan. Le 1er mars, il foule le sol français et décide de gagner Paris par la route des Alpes, jugée plus sûre. La petite troupe n’aura pas à batailler pour progresser. Cannes, Grasse, Castellane, Digne-les-Bains, Sisteron et Gap lui ouvrent leurs portes sans difficulté.
Mais c’est en arrivant en Isère qu’il trouve un réel soutien. Le 6 mars au soir, il est à Corps, où le chef de son avant-garde, le général Cambronne, lui a réservé une chambre à l’Hôtel du Palais, Grand rue. Napoléon trouvera auprès des villageois la bienveillance qu’il espérait. “Corpatus, je me sens chez vous comme chez moi”, leur confiera-t-il. Et dans la liesse, il dotera une jeune fille.
Le lendemain, la colonne reprend la route, mais le général Marchand, commandant la place de Grenoble, est bien décidé à la stopper. Le 3e bataillon du 5e régiment de ligne du commandant Lessard est mobilisé pour conduire cette mission. Dans la nuit, l’officier reçoit l’ordre de faire sauter le pont de Ponthaut, à l’est de La Mure, mais le maire de la ville, Pierre-Noé Genevois, s’y oppose. “Inutile, argue-t-il, il existe un passage à gué existe à proximité.” Lessard se replie alors vers Laffrey.
Un itinéraire ponctué de références historiques
Napoléon arrivera à La Mure en fin de matinée et fera une halte sur la colline du Calvaire, où il sera acclamé. Flatté, il érigera la ville en sous-préfecture et en « oubliera » une malle de voyage, conservée au Musée matheysin.
Pendant ce temps, à Laffrey, le détachement royal est en ordre de bataille. Prévenu du péril, Napoléon délaisse sa calèche, monte à cheval et s’avance vers les voltigeurs du 5e de ligne. “Si vous voulez tirer, vous en êtes les maîtres ; me voilà au milieu de vous”, déclame-t-il. “Nous sommes des Français, nous sommes vos frères !”, lui rétorque-t-on. Et les deux troupes fraternisent. Depuis 1930, une statue équestre de l’empereur a été élevée à cet endroit pour marquer cette rencontre singulière.
Reprenant sa progression, Napoléon arrive ensuite à Vizille, où c’est jour de marché. Toujours aussi populaire, il s’entretiendra avec le maire, François Boulon, et lui octroiera une forte somme d’argent pour les besoins de l’hôpital.
Un peu plus loin, sur le plateau de Brié-et-Angonnes, une surprise l’attend. Le colonel de La Bédoyère, commandant le 7e régiment de ligne, a fait défection et vient grossir les rangs napoléoniens. Depuis 1996, une stèle marque ce ralliement. Puis l’empereur s’arrête à l’auberge de la mère Vigier pour se restaurer. Il n’est pas pressé car les nouvelles ne sont pas bonnes : le général Marchand a fermé les portes de Grenoble.
Vers 19 heures, il fait une nouvelle halte dans une auberge d’Eybens pour évaluer le degré d’adhésion populaire. Une brave femme, la mère Simiand, s’approche alors de lui avec un chaudron d’eau tiède pour qu’il prenne un bain de pieds réconfortant. L’ustensile est toujours conservé en mairie d’Eybens.
Enfin, après avoir envisagé de bivouaquer sur place, Napoléon reprend la route. À Grenoble, le général Marchand peine à tenir ses troupes tandis que les Grenoblois ont choisi leur camp. Aux cris de “Vive l’empereur !”, ils s’attaquent à la porte de Bonne.
Finalement, Napoléon entre triomphalement dans la ville et prendra ses quartiers à l’hôtel des Trois Dauphins, rue Montorge. Le 20 mars, il sera à Paris. On connaît la suite.
*Une exposition autour de la route Napoléon sera présentée par le Fonds Glénat pour le patrimoine et la création au couvent Sainte-Cécile à Grenoble du 16 septembre au 31 décembre.
R.Juillet
À Corps, le centre-bourg est empreint du passage de l’empereur : photos, aigles impériaux, ferronneries, gravures au sol…R.Juillet
À Corps, le centre-bourg est empreint du passage de l’empereur : photos, aigles impériaux, ferronneries, gravures au sol…R.Juillet
À Corps, le centre-bourg est empreint du passage de l’empereur : photos, aigles impériaux, ferronneries, gravures au sol…R.Juillet
L’hôtel du Palais, Grand rue à Corps, (gendarmerie puis maison de retraite) a accueilli Napoléon dans la nuit du 6 au 7 mars 1815.R.Juillet
Le Pont de Ponthaut surplombe la rivière la Bonne à l’entrée de La Mure. Il a failli être détruit à l’explosif.R.Juillet
Depuis Golfe-Juan, la route Napoléon est signalée par de nombreux panneaux routiers.R.Juillet
À La Mure, depuis la colline du calvaire et ses trois croix, élevées à l’emplacement de l’ancienne citadelle, Napoléon a pu admirer le magnifique panorama.R.Juillet
Léguée à la ville de La Mure par un collectionneur, la malle de l’empereur a été présentée avec sa calèche lors de l’Exposition internationale de la houille blanche et du tourisme de Grenoble en 1925.R.Juillet
Le bronze équestre de Napoléon, érigé un premier lieu à Grenoble, a rejoint Laffrey en 1930 sur le site de la Prairie de la Rencontre.R.Juillet
Vizille. Napoléon n’a pas eu le loisir de visiter le château du duc de Lesdiguières où, en 1788, s’est tenue l’assemblée des États-du-Dauphiné.R.Juillet
À Brié-et Angonnes, une stèle marque le ralliement du colonel de la Bédoyère et de son régiment à Napoléon.- Portrait du colonel Charles-Angélique-François Huchet, comte de La Bédoyère. Il fut exécuté sous Louis XVIII.
R.Juillet
Toujours à Brié-et Angonnes, la pizzeria Napoléon, ex–auberge de la mère Vigier, a accueilli l’empereur le 7 mars 1815 en fin de journée.R.Juillet
La route Napoléon d’aujourd’hui diffère quelque peu de l’itinéraire emprunté à l’époque par Napoléon et ses troupes notamment à Corps et à Brié-et-Angonnes.R.Juillet
L’ancienne auberge Ravanat, place de Verdun à Eybens, où une brave femme, la mère Simiand, est venue proposer un bain de pieds à l’empereur.R.Juillet
Le chaudron de la mère Simiand est toujours conservé en mairie d’EybensR.Juillet
Détail de la stèle.Musée Dauphinois
L’entrée de Napoléon et de ses troupes le 7 mars 1815 au soir à Grenoble par la porte de Bonne par Théodore Ravanat.DR
Même sujet peint cette fois par Alexandre Debelle.R.Juillet
Rue de Bonne, à Grenoble, une stèle marque l’emplacement de l’ancienne porte de Bonne. Napoléon aurait dit : Avant Grenoble j’étais un aventurier, à Grenoble, j’étais un prince.R.Juillet
À Grenoble, rue Montorge, l’auberge Napoléon (ex-hôtel des Trois dauphins) où séjourna l’empereur durant trois nuits. C’est aujourd’hui un restaurant d’application.