Ça roule pour les deux-roues !

Publié le
Modifié le
Vélo Zap Outdoor
  • Économie
Chapô

Connue comme un paradis des cyclos avec ses cols mythiques et ses pistes de descente, l’Isère voit se développer toute une économie sur deux-roues. Avec ou sans moteur.

Deux ingénieurs grenoblois ont développé la remorque pliable qui leur manquait et créé Zap Outdoor.

 

Peur des transports en commun, besoin de liberté : si la crise sanitaire a fait dérailler une bonne partie de l’économie, la filière du vélo se sent pousser des ailes : en 2020, selon la Fédération française des usagers de la bicyclette, la fréquentation a grimpé de 30 % en ville et de 16 % en milieu périurbain.

La démocratisation du vélo à assistance électrique (VAE) aidant, la petite reine devient une alternative à la voiture. “Le VAE permet de reprendre une activité en douceur, sans forcer”, se réjouit Julien Rebuffet, directeur du Syndicat national des moniteurs cyclistes français, à Grenoble.

Et même sans moteur, ça roule pour des artisans comme Edelbikes – parmi ces « couturiers » du vélo toujours plus nombreux qui fabriquent des montures sur mesure et sont en passe de devenir une spécialité iséroise : “Cette année, on n’a pas vu de trêve hivernale. Phénomène nouveau, certains investissent dans leur vélo pour aller au boulot”, constate François Cau, ingénieur en électronique, qui s’est lancé il y a quatre ans comme autoentrepreneur.

Fabien Bonnet, qui a repris les fameux cycles Daniel Cattin en 2015, et Alexandre Dantomio, créateur d’Alpha Bike en 2012, ont dû quant à eux recruter un salarié face à l’afflux de demandes.

 

Une nouvelle génération d’entrepreneurs

Ce retour en grâce contraste avec la fin du siècle précédent, qui avait vu disparaître de belles marques iséroises, comme Libéria, créée en 1918 par Antoine Biboud. La PME familiale fabriqua jusqu’à 35 000 vélos par an dans ses ateliers grenoblois avant de fermer ses portes en 1996.

Magnat-Debon, « la marque des connaisseurs », fut avalée en 1962 par Peugeot. Vario, inventeur des premiers VTT de descente à géométrie variable en 1993, connut un succès fulgurant avant d’être absorbé puis délocalisé.

Plus récemment, les cyclos haut de gamme en fibre de carbone tressée de Time International, ancien fleuron nord-isérois, ont connu aussi des difficultés. Reprise par Rossignol en 2016 pour l’euro symbolique, l’entreprise vient d’être revendue à un groupe d’investissement franco-américain, Cardinal Cycling Group, et l’activité de pédales automatiques intègre le groupe américain SRAM.

“L’activité vélo reste pour nous un axe stratégique”, précise toutefois le Groupe Rossignol, qui possède les vélos Felt et les VTT Rossignol Bike.

 

Image
David Serillon a déjà construit une douzaine de vélos comme ce tandem sous sa marque Dawelo.

 

Aujourd’hui, une nouvelle génération d’entrepreneurs créateurs entre dans la brèche. David Serillon, ingénieur mécanique en reconversion et vététiste chevronné, a déjà construit une douzaine de vélos – route ou gravel – sous sa marque Dawelo, et trois autres sont dans les tuyaux.

Emmanuel Picard et Marc Zelsmann, deux ingénieurs et rouleurs au long cours, ont développé la remorque qui leur manquait, Zap Outdoor : ultralégère, pliable et compacte, elle se porte en bandoulière et voyage sans supplément en train ou en avion.

Des start-up technologiques sont aussi en train de monter en selle : Maël Bosson, créateur de eBikeslab en 2015 (17 salariés), lève actuellement des fonds pour développer à grande échelle son intelligence logicielle embarquée, qui permet de contrôler les vélos électriques à distance – pratique en cas de vol ! – et d’offrir une assistance adaptée à la physiologie du cycliste.

Le créneau intéresse aussi Valeo, à L’Isle-d’Abeau, qui a adapté ses moteurs 48 volts au vélo et lancé une assistance électrique intelligente. Le site isérois, qui produit historiquement des démarreurs (400 salariés), doit devenir le centre de production européen de ces « nouvelles mobilités électriques ». Ça roule aussi pour Gboost, un kit d’électrification adaptable à tous les cyclos développé par Dominique Houzet avec l’Université Grenoble Alpes, à Saint-Martin-d’Hères : “Nos commandes ont été multipliées par deux en 2020”, constate son créateur.

Autour du vélo, c’est aussi toute une nouvelle économie qui se développe, entre loisirs et entrepreneuriat : moniteurs cyclistes, écoles, cafés vélo, ateliers de réparation, de location, accessoires… Avec ses capes et visières antipluie aussi fonctionnelles que stylées, Francis Coureau, créateur de Spad de ville, a même réconcilié élégance et petite reine…

Corps suite

La filière vélo en Isère

Cliquez pour agrandir

Image
2
minutes de votre temps
A- A+
Publié le
Modifié le