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Le pastoralisme apporte des bénéfices multiples pour les alpages de l’Isère. Explications avec Denis Rebreyend, exploitant agricole à Cholonge, et Fabien Mulyk, vice-président du Département de l'Isère en charge de l'agriculture.
Le pastoralisme est un mode d'élevage basé sur le pâturage des animaux et la valorisation des ressources naturelles comme l'herbe et l'eau. Très présent sur les alpages de l’Isère, il en façonne les paysages. Il est défendu avec fierté par les éleveurs qui le pratiquent, à l’image de Denis Rebreyend, exploitant agricole à Cholonge.
À 1 400 mètres d’altitude, les vaches de Denis Rebreyend paissent en toute tranquillité sur le massif situé juste en face de la ferme de l’éleveur. Depuis le 1er juin, l’éleveur qui est également le président de la Fédération des alpages de l’Isère (FAI) a monté ses bêtes sur son alpage, sur les hauteurs de Cholonge, en Matheysine. Elles y resteront jusqu’au mois d’octobre. Cette période, c’est l’estive : les troupeaux prennent leurs quartiers d’été au frais, sur les pâturages de montagne où l’herbe est plus riche et abondante.
Les espaces pastoraux constituent une ressource indispensable pour l’autonomie fourragère des élevages et leur équilibre économique. Grâce à cette alimentation de choix, les vaches produiront du lait et une viande de grande qualité, qui reflètent toute la diversité végétale des alpages ! Espaces naturels ou semi-naturels, pas ou peu anthropisés, les alpages accueillent une biodiversité extrêmement riche : jusqu’à une quarantaine d’espèces végétales au mètre carré, parfois le double.
Fabien Mulyk, vice-président du Département en charge de l’agriculture, de la forêt et de la gestion de l’eau.
« Une action de l’homme et de ses animaux très précieuse »
Au-delà de la garantie d’un élevage de qualité, le pastoralisme repose sur une relation cohérente entre les éleveurs, leurs troupeaux et le milieu sur lequel il s’exerce. « En plaine, les milieux sont entretenus parce qu’ils sont facilement mécanisables, explique Fabien Mulyk, vice-président du Département en charge de l’agriculture, de la forêt et de la gestion de l’eau. En montagne, une action de l’homme et de ses bêtes est précieuse car elle maintient les paysages ouverts. »
En pâturant, les troupeaux empêchent par exemple l’apparition de taillis, voire de forêts qui viendraient grignoter et refermer le paysage. Ils limitent la prolifération de broussailles et contribuent ainsi à la prévention des incendies. Le pastoralisme estival présente même un avantage qui se révèle l’hiver venu : « Quand l’herbe est pâturée, elle fait de la brosse, la neige se pose dessus et elle est retenue. Les risques d’avalanches importantes sont ainsi limités », se félicite Denis Rebreyend.
De belles balades traversent ces alpages qui demeurent de véritables espaces partagés. Aussi, éleveurs et bergers s’attachent-ils à rappeler les règles de bonne conduite à adopter pour assurer le bien-être et la sécurité de chacun. Les promeneurs doivent ainsi penser à refermer les portillons des clôtures, pour ne pas que les animaux s’échappent.
Il est aussi important de se tenir éloigné des troupeaux pour préserver leur tranquillité, et rester attentif à la présence de chiens de protection, qui veillent sur les troupeaux dans les espaces exposés à la prédation.
Des précautions simples qui permettent à chacun de découvrir ces panoramas dégagés et entretenus, et profiter des paysages magnifiques que l’Isère a à offrir.
Repères :
Le Département soutient les activités agro-pastorales
L’Isère compte 80 000 hectares d’espaces pastoraux (soit plus de 10 % de son territoire), 176 alpages, 700 éleveurs et plus d’une centaine de bergers.
Sur les territoires de montagne et de coteaux, pour limiter la déprise agricole et la progression de la forêt, le Département pilote, avec les communautés de communes de la Matheysine et du Trièves, une stratégie foncière qui a permis la reconquête de 235 ha pour l'agriculture locale, avec un cofinancement du Département de 207 000 euros entre 2019 et 2022.
Rénovation de chalets, travaux de débroussaillage, d’adduction d’eau, pose de barrières, etc. : le Département consacre chaque année 240 000 euros d’aides aux investissements des groupements pastoraux sur les alpages, afin d’améliorer le confort des animaux comme des bergers.
Il soutient également la Fédération des alpages de l’Isère (FAI) à hauteur de 84 000 euros/an pour les héliportages, le conseil et l’assistance aux groupements pastoraux.
Cet été, une expérimentation est menée avec la FAI avec l’embauche d’un berger d'appui qui viendra en renfort du berger titulaire en cas de stress, fatigue, surcharge de travail ou de forte exposition à la prédation.