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Excellence et innovation ! Face aux enjeux environnementaux et climatiques, les agriculteurs de l’Isère innovent et diversifient leurs pratiques. Exemple chez les frères Clavel, Aurélien et Steven, à Biol.
Pour s’engager dans le développement de pratiques combinant performances économique et environnementale, les agriculteurs peuvent rejoindre des Groupements d’intérêt économique et environnemental (GIEE).
C’est le cas des frères Clavel, au Gaec des Terres Froides, à Biol, dont la production principale est le lait, pour l'IGP Saint-Marcellin. Ils ont aussi fait le choix de diversifier leur activité, avec notamment une brasserie flambant neuve pour proposer des bières artisanales, déjà récompensées.
En prenant la suite de son père, en 2007, à la tête de l’exploitation d’environ 115 hectares à Biol, dont la moitié sert actuellement à alimenter le troupeau de 50 vaches laitières, Aurélien Clavel était déjà convaincu de la nécessité de faire évoluer les pratiques employées et d’établir un modèle plus écoresponsable.
Puis, confronté au réchauffement climatique et à ses conséquences sur la production et la rentabilité de son exploitation, la résilience est devenue un nouvel enjeu pour Aurélien. Il lui a ainsi fallu envisager et surtout tester de nouvelles pratiques agricoles.
L’implication de son Gaec dans le Groupement d'intérêt économique et environnemental (GIEE) Agri-demain des Terres Froides y a grandement contribué. « Un GIEE permet d’échanger avec d’autres exploitants, d’analyser les résultats obtenus chez chacun et de les adapter au besoin. On va plus vite et plus loin dans l’expérimentation de nouvelles techniques, car ça se fait à grande échelle », explique Aurélien Clavel.
Accroître la résilience et les performances technico-économiques
Le GIEE Agri-demain des Terres Froides regroupe huit exploitations du territoire. Le collectif a pour objectif de développer la résilience des exploitations face au changement climatique et l’autonomie fourragère des élevages, en faisant des essais de nouvelles cultures végétales, des analyses de fourrages, en mettant en œuvre des pratiques agro-écologiques contribuant à la protection de l’eau potable pour tous…
Le Gaec des Terres Froides travaille, par exemple, pour développer l’autonomie fourragère de son troupeau. « On a diminué les surfaces cultivées en maïs et en blé, pour augmenter les surfaces de plantes légumineuses comme le trèfle et la luzerne, explique Aurélien. Elles ont besoin de beaucoup moins d’eau et ont l’avantage de produire du fourrage toute l’année. »
Aurélien modifie également ses pratiques et la manière de travailler la terre : « Sur notre exploitation, nous avons par exemple mis en place l’utilisation de matériel spécifique comme une bineuse pour désherber mécaniquement le maïs, et diminuer l’utilisation de désherbants, poursuit Aurélien. On garde bien sûr pour objectif une performance économique de nos exploitations, et on contribue au maintien d’une biodiversité sur le territoire à travers nos pratiques agricoles, notamment celles en rapport avec nos élevages. »
Multiplier les sources de revenus
En 2017, Aurélien a été rejoint par son frère Steven dans l’aventure familiale. Avec Julie, salariée du Gaec, et Maryline la femme de Steven, qui est également salariée, les Clavel ont décidé de diversifier les revenus de l’exploitation.
Ils ont installé une quinzaine de ruches pour produire leur propre miel, planté des noyers et noisetiers sur 10 hectares, et surtout, ils ont logé dans la grange des cuves de brassage toutes neuves, de sorte à établir leur propre brasserie.
Sur l’étiquette des bières, on retrouve la tête d’une vache laitière, symbole de la ferme qui produit principalement du lait, pour l’IGP Saint-Marcellin. « On cultive nous-mêmes, en agriculture biologique, les céréales qui entrent dans la fabrication de nos bières », précise fièrement Steven, qui gère la brasserie.
Avec plus de trois hectares de culture, les Clavel récoltent douze tonnes d’orge par an, qu’ils peuvent ensuite faire malter. Présentées lors de différents concours nationaux, les bières du Gaec des Terres Froides ont déjà été primées à de nombreuses reprises !
Repères :
Investir en faveur de l’excellence et de l’autonomie des exploitations
Les exploitations d’élevage sont soutenues de façon importante dans leurs investissements par le Département de l’Isère, en complémentarité avec les fonds européens du FEADER et la Région : 240 exploitations d’élevage iséroises ont bénéficié d’aides départementales entre 2015 et 2022, pour un montant total de 5,6 millions d'euros.
La transformation des productions agricoles par les agriculteurs et leur commercialisation en circuits de proximité est également soutenue : 2,6 millions d'euros entre 2015 et 2022 pour 165 projets.
Jusqu’en 2022, le Département est intervenu dans le cofinancement de mesures agro-environnementales et climatiques à enjeu biodiversité, ainsi que dans l’animation des organismes agricoles et environnementaux qui accompagnent les agriculteurs dans leur contractualisation.
Ces mesures permettent de compenser le surcoût de mise en œuvre des pratiques en faveur de la biodiversité : diversité floristique des prairies, fauchage tardif… 370 agriculteurs isérois ont pu ainsi contractualiser ce type de mesures, avec un soutien financier de plus d’1 million d'euros du Département.