Le bon lait de l’Isère

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Anaëlle, Jean-Michel et Myriam-Anne et leurs Montbéliardes à la ferme Prince.
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À la Chandeleur, faites sauter des crêpes 100 % ISHERE avec la nouvelle brique de lait ISHERE (qui s’ajoute à la farine et aux œufs). L’enjeu : enrayer le déclin de la production laitière en Isère, qui menace à terme notre suffisance alimentaire et nos beaux paysages.

Anaëlle, Jean-Michel et Myriam-Anne et leurs Montbéliardes à la ferme Prince.

 

Anaëlle Jacquin élève des vaches montbéliardes pour leur lait à la ferme Prince, à Saint-Jean-de-Vaulx, à 1 000 mètres d’altitude, avec ses deux associés. C’est dans ce décor de rêve, face aux montagnes, qu’elle pose avec l’une de ses protégées sur les briques de lait Plein Lait Yeux estampillées ISHERE.

Bientôt en rayon dans les supermarchés de la région, ce lait collecté localement a été conditionné par Sodiaal dans l’usine de Candia à Vienne. L’objectif de l’association est d’atteindre rapidement le million de litres.

Payée en moyenne 3 ou 4 centimes de plus que le litre de lait lambda pour le producteur (autour de 33 centimes actuellement), cette brique 100 % locale rejoint les œufs ou la farine, parmi quelque 1 000 produits agréés par la marque du Pôle agroalimentaire de l’Isère.

Ce logo garantit non seulement l’origine, mais aussi le respect de bonnes pratiques d’élevage et une rémunération équitable, dans une logique de circuits courts. Pour Jean-Claude Darlet, président de la chambre d’agriculture de l’Isère, il en va de la survie de nos éleveurs, pris en étau entre des crises successives et des exigences réglementaires toujours plus grandes. “En vingt ans, les trois quarts des exploitations ont disparu. À terme, ce sont nos beaux paysages et notre autonomie alimentaire qui sont en péril”, prévient-il.

 

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Quelques centimes de plus qui changent tout

Pour mieux valoriser leur travail, certains se sont convertis au bio : en sept ans, leur nombre a doublé en Isère pour atteindre 6,6 % de la production laitière. Depuis quelques mois toutefois, le bidon déborde par rapport à la demande.

Au point que les gros collecteurs, comme Sodiaal, ont commencé à le vendre au prix du conventionnel – alors que le prix de revient est beaucoup plus élevé. L’autre piste de sortie de crise, c’est de miser sur les signes de qualité, très prisés par les consommateurs.

Sur le plateau du Vercors, les 56 adhérents de la coopérative Vercors Lait (dont 34 en Isère) affichent une croissance ininterrompue depuis treize ans, attirant ici de jeunes agriculteurs : la totalité de leur production annuelle, soit 6 millions de litres, est transformée en fromage, dont la moitié sous l’appellation d’origine protégée (AOP) bleu du Vercors-Sassenage, selon un cahier des charges rigoureux.

Vingt ans après l’obtention du précieux macaron, la réussite est collective. “On est quasiment à 100 % de notre potentiel, on a créé 30 emplois… Notre problème actuellement, c’est de recruter !”, témoigne le directeur, Philippe Guillioud.

Plus récente, l’indication géographique protégée (IGP) saint-marcellin assure également une rémunération supplémentaire appréciable aux 120 producteurs situés dans la zone d’appellation. Mais seulement la moitié de la production est valorisée, et une démarche de reconnaissance du savoir-faire a été entamée pour le fromage saint-félicien. La marque ISHERE, qui concerne déjà une centaine de produits laitiers, participe à cette démarche de valorisation. Le Département encourage ainsi les ateliers de transformation à se moderniser.

Depuis 2015, cinq coopératives et laiteries-fromageries (Vercors Lait, Ici en Chartreuse, Laiterie du mont Aiguille, La Fromagerie des Alpes, Fromagerie Rochas) ont été soutenues à hauteur de 600 000 euros dans leurs investissements, en cofinancement avec la Région Auvergne-Rhône-Alpes et l’Europe. Et 29 ateliers fermiers ont été aidés à hauteur de 375 000 euros.

À l’extrémité sud du croissant laitier français, l’Isère a de belles cartes à jouer avec un important bassin de consommation. En 2020, le secteur laitier a enregistré ainsi 24 installations, dont 15 en bovins, cinq en caprins et cinq en ovins – une production récente dans nos massifs. Les trois quarts vendent en circuits courts. Le lait Plein Lait Yeux a un beau potentiel.

 

© F.Pattou

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