Guillot-Bourne : de Jarcieu aux Tuileries

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Guillot-Bourne - Carpinus - quais de Seine-Troyes
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La seule pépinière de grands arbres labélisée bio de France continue à profiter du boom de la revégétalisation des espaces publics. L’entreprise, devenue incontournable dans le marché des collectivités, séduit aussi des clients prestigieux, comme l’Élysée ou le jardin des Tuileries.

 

Les arbres en Isère, ce n’est pas que les forêts de montagne ! À Jarcieu, dans le nord du département, le pépiniériste Guillot-Bourne s’est taillé un nom sur le marché des « grands sujets », c’est-à-dire des arbres d’une hauteur d’au moins 8 mètres. Fournissant essentiellement les collectivités, l’unique acteur français du secteur à être labélisé bio est redevenu rentable l’an dernier après un dépôt de bilan en 2014.

La pépinière compte aujourd’hui 50 000 arbres environ, prêts à être commercialisés après plusieurs transplantations. Pour l’entrepreneur pépiniériste Pierre de Prémare, qui a repris l’affaire en 2015, “nous avons su profiter du regain d’intérêt des collectivités pour le végétal. Réchauffement climatique oblige, nous répondons à une demande croissante d’arbres écrans, persistants, comme les cèdres, les pins, le chêne vert, le fusain, et d’arbres parasols, tel le mûrier platane.”

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La pépinière compte aujourd’hui 50 000 arbres environ.

 

Le secret : développer les petites racines

Fondée il y a 150 ans à Saint-Marcellin par Auguste Guillot, avant que la famille Bourne ne prenne la relève, la pépinière s’est spécialisée au milieu des années 1970 dans les grands arbres. Un choix stratégique pour répondre à la demande dans un marché alors animé par des concurrents d’Europe du Nord.

Pour que le client obtienne un arbre d’une dizaine de mètres, âgé de 10 à 15 ans, avec une structure définitive facile à planter, “ce dernier, cultivé en pleine terre, subit un incessant travail de taille de formation, explique Pierre de Prémare. Il est transplanté plusieurs fois lors de sa croissance. Le secret, c’est de chercher à développer seulement les petites racines.” Un savoir-faire qui a naturellement séduit des institutions prestigieuses, comme l’Élysée.

Mieux encore, en 2020, marquant son retour à la croissance après cinq années d’effort collectif, Guillot-Bourne a remporté un appel d’offres pour la plantation d’une centaine d’ormes dans l’allée du jardin des Tuileries, menant au musée du Louvre, à Paris. “Nous avons là encore été aidés par le contexte : une volonté de revégétalisation du site pour offrir de l’ombre aux visiteurs.”

 

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Acteur national de la pépinière, la société travaille avec de nombreuses entreprises iséroises du paysage et des partenaires locaux.

À Sonnay, les pépinières de l’Ambre lui fournissent des jeunes plants. À Jarcieu, le transporteur Duarig lui assure la livraison millimétrée des arbres « géants », souvent accompagné de spécialistes maison pour l’assistance à l’ultime plantation.

Guillot-Bourne s’est par ailleurs construit un vaste réseau par le biais des autres sociétés que détient Pierre de Prémare, installées dans le Rhône, la Drôme et la Haute-Savoie. Avec le Domaine de Chapelan (arbustes) et Chapelan Fruitiers (arbres fruitiers), le pépiniériste propose désormais une offre plus large.

“Nous avons en commun de savoir faire grandir en force et en structure des arbres. Mais la particularité des grands arbres, c’est de les garder dans son bilan pendant les dix ans du cycle de production. Une avance d’argent colossale, compte tenu du travail de taille ; c’est un défi financier que j’avais sous-estimé au départ, mais qui finit par payer !”

Statistiques

Guillot-Bourne en dates et en chiffres

  • Création : 1870
  • Implantation : Jarcieu
  • Salariés : 19 (plus des saisonniers entre octobre et mars)
  • Chiffre d’affaires : 1,7 million d’euros
  • Nombre d’arbres vendus par an : entre 5 000 et 6 000
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L’entrepreneur pépiniériste Pierre de Prémare

 

Résister à la sécheresse

La tendance des clients de Guillot-Bourne (particuliers comme collectivités) concerne aujourd’hui les espèces de grande taille résistant à la sécheresse.

“Nous sommes plus au sud que nos principaux concurrents européens. Nous avons donc l’habitude de travailler avec des essences plus méridionales, comme le tilleul argenté, le févier d’Amérique, le chêne chevelu de Bourgogne, le micocoulier, le sophora ou le chêne vert”, détaille Pierre de Prémare.

L’entreprise travaille par ailleurs en agroécologie : semis entre chaque rangée d’arbres et désherbage mécanique, “un environnement qui accroît la résistance des arbres”.

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