- Dossier
- Crise sanitaire
La santé, cette crise sanitaire nous le rappelle chaque jour, est notre bien le plus précieux et notre première préoccupation. Considérant que l’accès aux soins est un droit fondamental, le Département, chef de file des solidarités sociales, a choisi de s’engager résolument sur ce terrain.
Notre système de santé est reconnu par l’Organisation mondiale de la santé comme l’un des meilleurs au monde. Depuis l’après-guerre, il a permis une élévation sans précédent du niveau de santé et de l’espérance de vie : 85 ans pour une femme et 79 ans pour un homme ! Le problème, c’est que l’espérance de vie en bonne santé et sans incapacité ne progresse plus aussi vite.
Entre l’augmentation des maladies chroniques et celle de la précarité, face à une demande toujours plus forte, notre système de santé lui-même est mis à mal. Et la pandémie de coronavirus qui sévit depuis des mois n’a fait que mettre au grand jour sa fragilité.
Pénurie de médecins dans certains secteurs, saturation des urgences hospitalières, quand se soigner devient un parcours du combattant, les plus fragiles finissent par renoncer, au risque de s’enfoncer dans la précarité ou la dépendance. En Isère, dans certaines zones, urbaines ou rurales, on compte moins de sept médecins généralistes pour 10 000 habitants.
Face à cette situation, le Département a mis en place un dispositif inédit, Isère Médecins, assorti de 6 millions d’euros, pour inciter des jeunes praticiens à s’installer dans ces secteurs – avec notamment des bourses d’études pour les internes en médecine et des aides à l’installation. Les résultats sont déjà là, avec 50 médecins installés et 76 autres en projet. Le Département finance également des maisons de santé pluridisciplinaires partout en Isère (14 à ce jour) pour faciliter le maillage du territoire.
Les travailleurs sociaux en première ligne
Mais l’accès aux soins, c’est aussi l’accès aux droits à la santé pour tous. Et les travailleurs sociaux du Département ont un rôle majeur. Depuis deux ans, plusieurs partenariats avec la Caisse primaire d’assurance maladie (CPAM) ont permis de faciliter les liens avec la mise en place d’une ligne dédiée aux plus précaires, pour débloquer des situations rapidement.
Les généralistes aidés dans le cadre du dispositif Isère Médecins s’engagent par ailleurs à recevoir les publics en difficulté. Et le Département soutient depuis différentes associations qui assurent les missions d’accès aux soins médicaux de proximité dans les quartiers. Plus globalement, le Département s’est aussi rapproché des différentes instances de santé (agence régionale de santé, CPAM, centre hospitalier universitaire, ordre des médecins…) pour arriver à décloisonner les secteurs social, médico-social et sanitaire, en s’appuyant notamment sur les 13 Maisons du Département.
À travers la protection maternelle et infantile (PMI), les centres de planification et d’éducation sexuelle (CPEF), la promotion de la vaccination, le dépistage et le diagnostic des infections sexuellement transmissibles (comme le sida), la lutte contre la tuberculose (voir p. 21) ou encore l’accompagnement des personnes en perte d’autonomie ou handicapées, le Département est déjà un acteur incontournable de la santé publique.
Mettre en lien les personnes et les professionnels du soutien à domicile pour mieux repérer les fragilités, équiper les logements d’outils numériques, éviter des ruptures dans la prise en charge entre hôpital et domicile (via sa plateforme IsèreAdom) : tout cela contribue à une meilleure prise en compte des problématiques de santé, dans l’esprit du projet de loi « ma santé 2022 ».
Interview
Magali Guillot, vice-présidente du Département déléguée à la santé
“Nous devons innover dans l’organisation des soins”
Isère Mag : Cette crise du Covid-19 accentue les inégalités dans l’accès aux soins. Comment améliorer l’accompagnement santé des personnes en situation de précarité qui renoncent aux soins ?
Magali Guillot : Les professionnels de l’action sociale sont en effet de plus en plus souvent confrontés à des situations liées à des problématiques de santé. Pour y remédier, nous souhaitons créer une structure spécialisée afin d’améliorer le parcours de soins des personnes en situation de précarité et de renoncement aux soins, par la mise en place d’un accompagnement individualisé.
Nous proposons déjà un accompagnement psychologique pour les allocataires du RSA : on sait que la souffrance, le mal-être peuvent être des freins à leur insertion. Nous avons aussi mis en place un dispositif de suivi de la santé des enfants confiés à l’Aide sociale à l’enfance (ASE) pendant toute la durée de leur placement.
I.M : Avec la progression des maladies chroniques et l’accroissement du nombre de personnes âgées et handicapées, les besoins sont de plus en plus importants. Comment faire face ?
M.G : Cela passe par le développement et la diversification des soins et des services, mais également par une meilleure coordination des interventions et par de l’innovation. La télémédecine, par exemple, va permettre l’accès à distance d’un patient à un médecin ou à une équipe médicale dans des zones qui en sont dépourvues ou dans des Ehpad.
C’est une autre manière de soigner, particulièrement adaptée au suivi régulier de maladies chroniques et aux pathologies spécifiques à notre population vieillissante, qui constitue une réponse complémentaire aux pratiques plus habituelles.
Face à l’augmentation des besoins, à l’évolution des rythmes de travail, nous devons aussi innover dans l’organisation des soins : le monde libéral et les établissements sont encore trop cloisonnés. Sur des secteurs en tension, comme la PMI, nous avons recruté un médecin qui exerce à 50 % sur ce secteur et à 50 % en libéral… Le Département n’a pas vocation à se substituer aux instances de santé publique, mais à être un facilitateur de proximité.
Selon ce modèle théorique des besoins de Maslow, la satisfaction d’un besoin engendre les besoins du niveau suivant. Le Département de l’Isère y répond à travers ses différentes actions.
Santé : que fait le Département ? Cliquez pour agrandir
On leur a demandé....
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La santé, partout, pour tous !
Parents isolés, jeunes en rupture familiale, travailleurs précaires ou allocataires du RSA, aidants familiaux, résidents en Ehpad… Le Département veille sur leur santé.
Zoom
Les Ehpad expérimentent la télémédecine
Praticiens débordés, longs passages en salle d’attente… Pour le personnel des Ehpad, améliorer les consultations médicales des résidents et leur éviter des déplacements aux urgences souvent traumatisants virent souvent au casse-tête.
Pour faire face et avec l’aide du Département, une vingtaine d’établissements isérois ont décidé d’expérimenter la télémédecine, un système qui permet une consultation à distance avec un médecin.
Exemple à l’Ehpad Reyniès de Grenoble, qui dispose d’un chariot mobile équipé d’objets connectés : caméra, otoscope (pour l’examen des oreilles), stéthoscope (pour l’écoute des battements du cœur). Grâce à cet outil, l’équipe médicale peut envoyer des images qui permettent d’informer le médecin traitant sur l’état du patient. La réponse est rapide et le compte rendu immédiat. Le médecin peut directement prescrire une ordonnance ou fixer un rendez-vous si besoin.
Il peut aussi apporter des conseils très pratiques : exemple, comment poser les pansements en cas d’escarre ou adapter la prise en charge en fonction de la santé physique et mentale du résident. Tout le monde y est gagnant.
Pour l’infirmière, l’aide-soignante ou l’aidant familial, c’est une occasion d’acquérir les bons réflexes et de développer la prévention. Quant au résident, il peut ainsi garder son médecin traitant. La télémédecine peut aussi être effectuée dans les chambres sur écran géant.
Repères
Une prime Covid pour les aides à domicile
Les salariés de l’aide à domicile, qui interviennent auprès des personnes âgées et handicapées, se sont largement mobilisés durant le premier confinement.
En septembre dernier, le Département, aux côtés de l’État, a créé une prime Covid. Cette valorisation s’élève à 1 000 euros pour un temps plein. Elle concerne aussi le personnel d’encadrement et de coordination, qui a également été durement sollicité par les équipes et les usagers durant toute cette période.
Plus de 2,1 millions d’euros ont été ainsi versés aux 3 100 salariés de 124 services d’aide et d’accompagnement à domicile de l’Isère (SAAD).
Par ailleurs, le Département a mis en place une Mission d'intérêt général (MIG) « spécial crise » pour les salariés des SAAD ayant signé un contrat pluriannuel d'objectifs et de moyens. La bonification s’élève à 3 euros supplémentaire par heure travaillée pendant toute phase critique, climatique ou sanitaire.
Elle sera effective pour ce deuxième confinement et entrera en vigueur rétroactivement à compter du 1er octobre 2020.