Au cœur de la fabrique de l’info

Les apprentis reporters de l’école de Saint-Martin-d’Uriage interviewent Nicole, éleveuse d’émeus.

Les émeus, ces immenses oiseaux qui vous zieutent avec avidité, descendent-ils des dinosaures ? L’élevage de Saint-Martin-d’Uriage est-il unique en France ?

Une première équipe d’apprentis reporters de l’école du village, en CM2, est venue le matin filmer et enregistrer Nicole et ses curieux volatiles, sur les balcons du massif de Belledonne. Chapeautés par Lola Fourmy et Margaux Dzuilka, journalistes professionnelles, ils ont appris à cadrer, à choisir un angle d’attaque… L’après-midi, leurs camarades de CM1 ont fait une seconde vidéo à la ferme en posant quasi les mêmes questions.

Partant d’images et de prises de son similaires, les deux classes ont pourtant obtenu deux reportages bien différents : l’un après coupes et trucages insinuait l’idée d’un élevage secret.

Le second s’attachait à présenter objectivement cette exploitation originale… Invités à visionner ensemble les deux films, les enfants ont pu voir comment on peut manipuler les images.

“Le but, c’est de développer leur esprit critique”, explique Thomas Gomez de Mercado, chargé d’actions culturelles à la médiathèque départementale de l’Isère, à Bourgoin-Jallieu, qui a coordonné les résidences de journalistes.

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Une webradio au village

De septembre à décembre dernier, deux binômes de reporters ont en effet été dépêchés dans le sud et le nord du département dans le cadre d’un appel à projets du Département et de la Drac Auvergne-Rhône-Alpes, pour mettre en place des actions d’éducation aux médias.

Lola Fourmy et Margaux Dzuilka, qui vivent à Paris, ont rayonné à partir de la bibliothèque de Saint-Martin-d’Uriage tandis qu’Angélique Mangon et Martin Pierre, tous deux Clermontois, découvraient celle de Nivolas-Vermelle.

Objectif : amener un maximum d’habitants de tous âges à comprendre la fabrique de l’info, à l’ère des réseaux sociaux et des théories du complot. Lancement d’une webradio, soirées débats sur les fake news, expo photo intergénérationnelle, enregistrement d’une capsule temporelle au café de la place du village : au nord comme au sud, ces quatre mois de résidence ont été ponctués d’événements participatifs riches et variés.

“Quand on a commencé à recueillir leurs témoignages, beaucoup d’habitants nous ont dit qu’ils n’avaient rien d’intéressant à raconter. Et pour finir, ils nous ont appris plein de choses ! Ces résidences sont aussi un moyen de redonner la voix à ceux qui ne la prennent jamais. Et de faire tomber le mythe du journaliste star…”, assure Lola Fourmy, ravie. Prête à repartir…

© V.Granger