Le petit peuple de la nuit

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Grand paon de nuit, bombyx, noctuelles, sphinx… Moins connus que leurs cousins de jour, les papillons de nuit sont pourtant 20 fois plus nombreux. En Isère, 2100 espèces sont déjà répertoriées ! Leur apparence et leurs modes de vie sont extrêmement variés. Rencontre avec ce fascinant petit peuple…

Ce sont des noctambules aussi discrets que variés. Les papillons de nuit comptent 5 300 espèces en France, dont 2 100 connues en Isère… contre seulement 200 espèces de jour !

Chaque année, de nouvelles espèces sont identifiées dans notre département, l’un des plus riches de France. La dernière en date : la noctuelle cordigère, découverte en juin dernier. Appelés parfois à tort papillons « de nuit », les « hétérocères » se reconnaissent à leurs antennes filiformes ou en forme de plume et à leurs ailes qu’ils ne tiennent pas jointes sur le dos lorsqu’ils sont posés.

Hormis certaines exceptions, ils ont une activité nocturne : ils se reproduisent et se nourrissent du crépuscule à l’aube. Certains arborent des motifs incroyables, volent comme des oiseaux-mouches ou parcourent des milliers de kilomètres pour rejoindre l’Isère après avoir passé l’hiver sous les tropiques. Leurs formes, leurs couleurs et leurs modes de vie sont très diversifiés.

 

Une formidable capacité d’adaptation

En Isère, on les trouve dans tous les milieux : en ville, à la campagne, dans les zones humides et même aux abords des glaciers à plus de 3 000 mètres d’altitude. Contrairement à leur image d’insectes fragiles, les papillons de nuit possèdent une formidable capacité d’adaptation, qui leur permet de coloniser tous ces milieux.

Des papillons sont ainsi capables de voler en plein hiver sous la neige, tandis que certaines chenilles ont développé des branchies pour pouvoir vivre dans l’eau. C’est l’un des groupes d’insectes où l’on trouve le plus de différences. Côté taille, les plus petits papillons de nuit, les nepticulinae, mesurent seulement 3 mm d’envergure, alors que le grand paon de nuit peut atteindre 18 cm !

Leur durée de vie est très variable. Certaines espèces hibernent dans des grottes et vivent une année entière après avoir émergé de leur chrysalide. D’autres ne vivent que quelques heures, le temps de s’accoupler et de perpétuer les générations.

Les stratégies pour la survie de l’espèce sont multiples. Certaines chenilles sont cannibales, afin que quelques-unes se développent plus rapidement et aient d’avantage de chance d’échapper à leurs prédateurs, permettant ainsi au papillon (« imago ») de se reproduire et de pondre plus vite. D’autres espèces produisent énormément de chenilles car les effectifs peuvent être réduits de 99 % entre les stades larvaires (chenille et chrysalide) et l’émergence du papillon.

Les chenilles sont d’ailleurs très utiles aux écosystèmes et aux cycles de vie de nombreux animaux qui s’en nourrissent : insectes, oiseaux, amphibiens, petits mammifères... Des oisillons comme ceux de la mésange, par exemple, ne pourraient pas survivre sans les chenilles, source indispensable de protéines.

Essentiels, les papillons de nuit sont pourtant gravement menacés par les activités humaines, notamment la pollution lumineuse (voir encadré), seconde cause de mortalité de ces élégants noctambules.

Encart

Halte à la pollution lumineuse

Le 9 octobre prochain aura lieu le Jour de la Nuit, une manifestation nationale de sensibilisation à la protection de la biodiversité nocturne et du ciel étoilé.

Avec l’éclairage artificiel, les papillons de nuit, comme d’autres animaux, perdent leur aptitude à s’orienter dans le noir. Attirés et piégés par la lumière, de nombreux insectes tournent jusqu’à épuisement autour des lampadaires. C’est pourquoi, des collectivités mettent en place des « trames bleu nuit ».

En Isère, une « réserve internationale de ciel étoilé » a été créée dans le Vercors, où des mesures sont prises pour minimiser la pollution lumineuse.

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