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De Paris à Hong Kong, via le Canada, les fresques monumentales de Philippe Baudelocque nous interpellent sur notre place dans la nature. Le Département a donné carte blanche à l’artiste parisien dans son réseau de musées, dans le cadre de « L’Appel de la forêt en Isère ».
Le premier dessin qui l’a fait connaître, en 2009, représentait un chat, esquissé à la craie sur un mur noir du 3e arrondissement parisien. “À l’époque, les réseaux sociaux étaient balbutiants, on ne parlait pas de street art… Mais la photo prise par des passants s’est aussitôt propagée sur le Net via des blogs, et j’ai reçu des mails du monde entier !”, raconte Philippe Baudelocque. Hiboux, tortues, renards ou hippopotames, mais aussi plantes ou constellations…
En douze ans, le bestiaire chimérique de cet ancien graffeur de 47 ans, diplômé des Arts décoratifs, n’a plus cessé de se développer sur les façades, dans des musées (le Palais de Tokyo, le MACRO, musée d’art contemporain de Rome…) ou même sur des robes d’Agnès b, des fauteuils, des tapis… Des images au pouvoir magnétique qui, si on les regarde bien, nous aspirent dans une foultitude vertigineuse de détails et de motifs sophistiqués, souvent inspirés des lois de la biologie ou de la physique.
“Ce qui me touche le plus, ce sont les arts populaires, proches des gens, les costumes traditionnels, la peinture aborigène : des œuvres accessibles à tous et dans tous les pays, qui se révèlent aussi chargées de symboles ou d’autres significations cachées. Dans mon travail, j’essaie de rendre sensible cette relation au vivant et à la nature qui nous entoure. Mes œuvres sont un peu comme des millefeuilles”, explique-t-il.
“La nature nous observe”
Né dans l’Essonne, à deux pas de la forêt de Sénart, le plasticien, qui s’exprime aussi bien par le dessin que par la photo ou des installations multimédias, a été très tôt inspiré par ce monde sauvage et luxuriant aux portes de la ville, “où l’on est bien plus observé et étudié qu’on ne se l’imagine”.
Ses animaux cosmiques noirs et blancs sont devenus l’une de ses marques de fabrique mais son travail photographique est encore peu connu, notamment ses yeux énormes formés dans les nœuds de l’écorce d’un arbre, photographiés en noir et blanc puis agrandis en format XXL.
Vous pourrez les retrouver sur les façades des musées départementaux cet été, dans le cadre de sa résidence en Isère, où il a été invité pour la manifestation « L’Appel de la forêt ».
“En arrivant à Grenoble, j’ai été fasciné par la situation de la ville entre ses trois massifs. Cette puissance qui a soulevé les montagnes, j’aimerais pouvoir en rendre compte…”, souffle-t-il avec douceur.
Contact : musees.isere.fr