Dentelles de chêne
Le chêne centenaire du Jura, du haut de ses 28 mètres, devait être abattu pour finir en charpente ou traverses de chemin de fer. En novembre dernier, Pascal Oudet, tourneur sur bois à Goncelin, l’a transporté dans son atelier pour le débiter en fines galettes, du tronc jusqu’au bout des branches.
L’artiste a ensuite entrepris son patient travail de sablage et de ciselage pour transformer chaque rondelle de bois en une délicate pièce de dentelle, selon une technique éprouvée depuis près de vingt ans.
Lauréat du prix Liliane Bettencourt
Assemblées, les 600 à 700 œuvres ainsi façonnées formeront une sculpture monumentale. “Habituellement, je travaille des troncs déjà coupés, explique-t-il. Mon vieux rêve de reconstituer un arbre entier se réalise enfin grâce au prix Liliane Bettencourt pour l’intelligence de la main. Un film est en cours de tournage avec le soutien de la fondation. J’ai aussi pu acquérir un nouveau tour à bois !”
Depuis dix ans, cet ancien ingénieur en électronique a déjà réussi l’exploit de vivre de sa passion. Ce prix prestigieux, qui récompense les plus belles œuvres des métiers d’art, est une consécration supplémentaire.
Chaque arbre raconte une histoire
Sculptant exclusivement le chêne, seule essence à présenter ce maillage de bois durs et de bois tendres, il réalise chaque année entre 50 et 100 pièces de dimensions variées pour des collectionneurs ou des architectes-décorateurs du monde entier.
Chacune raconte une histoire unique, inscrite dans les cernes de l’arbre ou dans ses cicatrices. Les sécheresses des quatre dernières années ont ainsi laissé des marques bien visibles. Révélée par la main de l’artiste, cette fragilité ajoute à leur poésie.