Nastassja Martin

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À la rencontre d’autres mondes

Nastassja Martin
Chapô

Anthropologue, Nastassja Martin a ressenti très jeune l’appel du monde sauvage… à ses dépens.

Corps

 

“Ne me demandez pas de vous raconter encore ma rencontre avec l’ours ! ”, a prévenu Nastassja. Depuis le succès de son livre, Croire aux fauves – un récit haletant, captivant, qui a reçu le prix Joseph Kessel en 2020, où elle détaille cette aventure inimaginable dans les montagnes du Kamtchatka sibérien –, cette anthropologue grenobloise aujourd’hui installée dans l’Oisans, au pied de la Meije, a dû répéter souvent la même histoire.

Après deux ans passés dans le nord-est de l’Alaska pour étudier le peuple Gwich’in, sujet de sa thèse de doctorat, cette sportive et scientifique de haut niveau, qui a ressenti très jeune l’appel du monde sauvage, avait traversé le détroit de Béring pour rencontrer un autre peuple animiste, les Évènes : des éleveurs de rennes qui vivent en quasi-autarcie dans la taïga russe.

 

Le récit haletant d’une reconstruction

“Pour eux, il n’y a pas de frontière, sauf corporelle, entre humains et non-humains : nous sommes tous reliés par nos âmes et par nos rêves. Je voulais m’immerger dans les pratiques de ces populations qui ont une autre manière d’être au monde pour mieux les comprendre et faire entendre leur voix. Car ils ont peut-être des réponses à nous apporter en ces temps troublés. Je me suis laissé déborder dans ma chair par l’objet de mon étude…”

Blessée au visage, celle que ses amis évènes avaient surnommée matukha (la femme ourse) est retournée depuis plusieurs fois au Kamtchatka. L’écriture l’a aidée à se reconstruire. Après deux documentaires pour Arte sur le pays évène, elle se prépare à sortir un long-métrage, Tsvaïan.

Et travaille sur un nouvel ouvrage plus ethnologique. “Ensuite, il sera temps pour moi de passer à un autre terrain d’études…”