Développement durable : le Département ambitieux

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Développement durable : le Département ambitieux
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Fonte des glaciers, inondations, migrations climatiques, biodiversité menacée… Pas un jour sans nouvelles inquiétantes sur le front du climat. Les experts pourtant s’accordent à le dire : il est encore possible d’éviter la catastrophe et d’agir sur la hausse des températures.

 

Des actions concrètes pour le climat

 

Huit millions trois cent mille euros : c’est l’enveloppe dédiée à l’environnement et au développement durable dans le budget 2022 voté en décembre dernier, dont une majeure partie consacrée à la préservation et à l’aménagement des espaces naturels sensibles. Mais ce chiffre est loin de traduire toute l’action du Département en matière de transition écologique.

Aménagements routiers favorisant les mobilités alternatives (aires de covoiturage, pistes cyclables), rénovation thermique des bâtiments (collèges, maisons du Département, équipements communaux…), valorisation des produits locaux avec la marque agroalimentaire ISHERE, soutien à la filière bois, développement des circuits courts : le rapport d’activité 2020 compte plus de 165 millions d’euros d’investissements réalisés au service de la transition écologique et de la réduction de nos émissions de gaz à effet de serre.

 

Grands chantiers et nouveaux réflexes

 

Le Département a décidé d’enclencher la vitesse supérieure dès 2022 avec un nouvel objectif de 10 % de baisse d’ici à 2028. “L’écologie, ce sont des projets concrets et des solutions pragmatiques et crédibles qui doivent améliorer la vie quotidienne. L’ambition est de montrer l’exemple et d’accompagner”, défend Vincent Chriqui, vice-président délégué à la transition écologique.

Ces objectifs se matérialisent par des chantiers emblématiques. Celui de la rénovation thermique de l’hôtel du Département, à Grenoble (12 millions d’euros d’investissement, dont 2 millions de l’État), qui a démarré, devrait permettre à lui seul de réduire de 45 % les dépenses énergétiques et de diviser par quatre les émissions de gaz à effet de serre.

Sachant que les bâtiments sont émetteurs de 17,5 % des émissions dans le monde, la suppression des passoires thermiques est une priorité !

 

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Le Département de l’Isère s’est engagé à planter plus d’un million d’arbres d’ici à 2028.

 

Plus symbolique – mais les symboles ont une force non négligeable –, le projet « un arbre, un habitant » consiste à planter plus d’un million d’arbres en Isère d’ici à 2028. La plantation a déjà commencé dans les parcs des musées départementaux, dans les gares du Petit Train de La Mure ou dans les collèges, partout en Isère.

Parmi les actions essentielles figure aussi l’éducation à l’environnement. Les collégiens isérois apprennent au restaurant scolaire à respecter la nourriture, avec des assiettes en majorité garnies de produits bio et/ou locaux, une démarche fortement soutenue par le Département à travers notamment sa marque agroalimentaire ISHERE.

 

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Une fois le repas terminé, ils sont également invités à trier leurs déchets et deviennent souvent les premiers ambassadeurs de la lutte contre le gaspillage alimentaire dans leur famille.

Et tout se recycle, y compris dans les musées départementaux où les expositions temporaires sont de plus en plus souvent réalisées avec des matériaux de récupération – comme celle qui s’ouvre au musée de la Résistance et de la Déportation de l’Isère sur les droits de la nature et son respect.

Car oui, cette nature qui a tant manqué aux urbains confinés pendant la pandémie ne se limite pas à un beau décor ni à une ressource que l’on exploite. Un changement de regard qui ouvre aussi de nouvelles perspectives pour le tourisme en montagne.

La capacité d’adaptation montrée par les citoyens face à la crise sanitaire donne des raisons d’espérer : il est possible d’agir sur le réchauffement si chacun y trouve du sens.


Interview

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Vincent Chriqui, vice-président du Département en charge de la transition écologique*

 

“L’Isère a des atouts pour être en pointe dans la transition écologique”

 

Isère Mag : Le défi climatique est planétaire et s’impose à nous de façon urgente. Très concrètement, que peut-on faire à l’échelle d’un Département pour répondre à l’injonction de réduire les émissions de gaz à effet de serre ?

Vincent Chriqui : On peut faire beaucoup de choses et le Département de l’Isère a l’ambition d’être exemplaire en la matière. Notre objectif est d’atteindre 10 % d’émissions en moins d’ici à la fin de notre mandat, en 2027.

Pour cela, nous devons continuer à agir dans tous les secteurs qui relèvent de notre responsabilité : la rénovation thermique de nos bâtiments, qui répond autant à des enjeux écologiques qu’économiques et de confort pour les usagers ; l’aménagement de notre réseau routier avec des solutions technologiques plus économes en énergie et un vaste déploiement de voies cyclables sécurisées ; des repas préparés avec des produits locaux et bio dans les cantines des collèges.

« Grenoble, capitale verte 2022 » est l’occasion de mettre en lumière toutes les actions engagées et de montrer que le Département de l’Isère est déjà en pointe.

Premier partenaire des communes et des intercommunalités, le Département a aussi la volonté de les accompagner dans cette démarche.

Nous allons renforcer nos outils, en termes d’aide financière et d’ingénierie, pour accompagner des projets de rénovation thermique, des réseaux de chaleur ou des énergies renouvelables, ou encore pour établir des marchés publics prenant en compte l’environnement.

 

I. M. : Ces efforts seront-ils suffisants ? Certains experts disent que pour tenir l’objectif de + 1,5 °C de réchauffement, il faudrait réduire les émissions mondiales de gaz à effet de serre de 45 % d’ici à 2030.

V. C : La nécessité de réduire notre empreinte carbone est aujourd’hui largement partagée par nos concitoyens et je suis confiant dans notre capacité collective à nous adapter et à agir. À condition toutefois que cette transition soit juste socialement et ne pénalise pas les plus modestes.

La croissance économique est nécessaire et elle doit être au service de la transition écologique.

La France, par le passé, a su faire des choix technologiques audacieux, comme le nucléaire, qui la placent parmi les pays les plus vertueux en matière d’émissions. En Isère, nous avons aussi sur notre territoire des leaders mondiaux qui portent des solutions très innovantes, par exemple en matière de construction durable et de ciment bas carbone dans le Nord-Isère ou encore d’énergies renouvelables dans la métropole grenobloise.

 

I.M : Et sur le plan individuel ?

V.C : Chacun peut agir à son niveau et la collectivité doit donner l’impulsion en dehors de tout débat idéologique. Par exemple, l’un des moyens efficaces pour capter le carbone et rafraîchir l’atmosphère – donc lutter à la fois contre les causes et les conséquences du réchauffement climatique – est de planter des arbres.

Un arbre par habitant comme nous avons promis de le faire en Isère, cela fait plus d’un million d’arbres en plus. Là, ça devient significatif ! Ce sera l’une des priorités dans ce mandat.

* Également auteur de Sauver la planète sans se priver de tout, c’est possible, paru en 2021 aux éditions JC Lattès.

 

 

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La déviation d’Aoste, construite avec des enrobés recyclés, dispose d’une bande cyclable et de protections en bois local. Elle présente également de nombreux aménagements paysagers et environnementaux.

 

Des routes plus écoresponsables

Un plan d’actions a été lancé en 2016 par le Département pour minimiser l’impact de ses infrastructures routières sur l’environnement et réduire son empreinte carbone. Depuis, toutes les techniques les moins polluantes pour aménager de nouvelles routes ou procéder aux travaux d’entretien sont encouragées.

“Dans nos marchés départementaux, nous imposons une proportion de matériaux recyclés de 10 à 40 %, selon qu’il s’agisse de couches d’assise ou de roulement, explique Bernard Perazio, vice-président en charge des mobilités et de la construction publique. La déviation d’Aoste, par exemple, a été construite avec une grande proportion d’enrobés recyclés et d’enrobés tièdes, techniques qui permettent de réduire le bilan carbone d’un chantier.”

Le réemploi des déchets routiers provient du rabotage ou du démantèlement d’anciennes chaussées. Ainsi récupérés, ils sont utilisés pour réaliser les terrassements ou de nouvelles chaussées.

Autre pratique encouragée : l’enrobé tiède. Auparavant, les couches de roulement étaient réalisées à partir d’un mélange de bitume et de granulats porté à 165 °C. Aujourd’hui, on peut obtenir un résultat quasi identique avec une température de 130 °C, ce qui réduit de 20 à 50 % les émissions de gaz à effet de serre. Sur le réseau routier secondaire, le Département développe d’autres solutions, comme les enduits superficiels d’usure ou le retraitement en place.

Enfin, pour l’entretien des accotements, le Département, qui a abandonné l’usage des herbicides en 2008, intervient deux fois dans l’été dans le cadre de campagnes de fauchage raisonné pour préserver la biodiversité et lutter contre les espèces invasives, telles l’ambroisie ou la renouée du Japon.

D’autres actions complètent ce programme : le développement des passages à faune, la mise en place de dispositifs anti-bruit oul’utilisation de mâchefer et de déchets imbrûlés en remblais routiers. Le Département poursuit enfin le maillage de ses infrastructures cyclables, avec l’aménagement de bandes, de pistes cyclables et de véloroutes, dont la Via Chartreuse, ouverte récemment.


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En sept ans, 400 agriculteurs isérois ont adapté leurs pratiques avec le soutien du Département.

 

Une agriculture respectueuse de l’environnement

De par leur proximité avec la nature, les agriculteurs jouent un rôle majeur dans le maintien de la biodiversité. D’où la nécessité de les encourager à adopter des pratiques qui impactent le moins possible la planète tout en leur permettant de dégager de leur travail un revenu décent.

C’est aussi la volonté du Département de l’Isère qui finance de nombreuses mesures pour les aider à adapter leurs pratiques, comme retarder la fauche d’une prairie pour laisser le temps à la faune de s’y reproduire, favoriser la présence de pollinisateurs, gérer les alpages en prenant en compte la présence du tétras lyre ou encore entretenir les haies pour favoriser la biodiversité.

Entre 2015 et 2021, plus de 1,6 million d’euros a été ainsi attribué à près de 400 agriculteurs engagés dans ce type d’action. Outre ce coup de pouce, le Département finance des projets qui participent à la réduction des gaz à effet de serre et au développement des énergies renouvelables, dont la méthanisation : depuis 2016, 16 unités ont été soutenues pour un montant total de 2,9 millions d’euros.

Une attention particulière est aussi portée à la préservation du foncier agricole, à la promotion du pastoralisme et au soutien des investissements économes en eau.

 

 

 

 

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Xavier Favrolt, conseiller technique énergie au Département, veille sur la gestion énergétique de 250 bâtiments.

 

Une priorité : la rénovation thermique

Quarante-quatre pourcents des consommations énergétiques et 20 % des émissions de dioxyde de carbone proviennent de nos chaudières et climatiseurs.

Avec 250 bâtiments (dont 97 collèges, mais aussi des centres sociaux ou d’entretien routier, des musées…), le Département de l’Isère a fait de la suppression des passoires thermiques une priorité.

“Sur les constructions neuves, nous avons adopté des niveaux d’exigence très élevés en matière de performance énergétique, de qualité de l’air intérieur et d’utilisation de biomatériaux, précise Xavier Favrolt, conseiller technique énergie. Le nouveau collège Lucie Aubrac, à Grenoble, par exemple a été conçu avec un niveau de performance très supérieur aux exigences réglementaires actuelles. Par ailleurs, beaucoup de bâtiments existants ont été restructurés et isolés par l’extérieur ces dernières années.”

Raccordement des collèges aux réseaux de chaleur bois situés à proximité, remplacement des chaudières au fioul par des chaudières bois granulés, utilisation de la géothermie (comme pour la maison du Département à Barraux), installation de panneaux photovoltaïques… Les chantiers sont nombreux.

Le plus important (12 millions d’investissement) se situe actuellement à l’hôtel du Département : un investissement de 12 millions d’euros, qui doit permettre de réduire de 45 % les factures de chauffage tout en divisant par quatre les émissions de gaz à effet de serre.

Mais l’atteinte de ces performances passe aussi par une gestion fine au quotidien : “Sur certains sites, on peut économiser 20 % d’économie d’énergie par de simples réglages et une surveillance des installations, poursuit Xaxier Favrolt. Face aux hausses du prix de l’énergie, le seul moyen d’économiser est de réduire les consommations.”


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Pour deux euros, les collégiens isérois ont un repas équilibré à base de produits locaux ou bio, mais il est interdit de gaspiller.

 

Bien manger au collège

Un repas 100 % local ou bio, tous les jours, dans l’assiette des collégiens. C’est la promesse faite par la majorité départementale avant son élection en juin 2021. Pour respecter cet engagement, le Département achète chaque année pour 1,5 million d’euros de produits (viande, fruits et légumes) auprès de six groupements d’agriculteurs et d’un artisan isérois.

L’objectif est double : inculquer le réflexe de manger local et équilibré dès le collège et permette aux agriculteurs de trouver des débouchés rémunérateurs de proximité. Mais le Département veut aller encore plus loin.

Depuis la rentrée 2021, le coût des repas a été fixé à 2 euros pour tous, sans renier la qualité des aliments. En contrepartie, le Département demande aux jeunes et au personnel de lutter encore plus contre le gaspillage alimentaire. Depuis 2015, le travail de sensibilisation mené dans les établissements a déjà permis de réduire de moitié la quantité de nourriture jetée.

L’enjeu est de viser le zéro déchet. Un guide des bonnes pratiques a été édité pour valoriser les mesures les plus judicieuses qui ont été mises en place dans les collèges, comme anticiper les écarts d’effectifs ou mettre en valeur les produits servis. Histoire d’encourager les agents des cantines à s’échanger des idées !

 

 

 

 

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